Eco Brief

Croissance française : toujours (faiblement) positive ?

23/01/2025
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La croissance française aurait atteint 0,1% t/t au 4e trimestre 2024 selon notre prévision, portée par quelques éléments sectoriels favorables (production aéronautique et d’électricité). La dynamique générale de l’économie continue cependant de s’affaiblir, notamment les perspectives d’investissement des entreprises, ce qui pèse sur le marché du travail.

La croissance du 4e trimestre 2024 serait restée positive. Notre nowcast indique une croissance de 0,3% t/t, dont il convient de retrancher le contrecoup des Jeux Olympiques (0,2 point), d’où une anticipation de 0,1% pour le 4e trimestre. La croissance française continue de bénéficier de dynamiques sectorielles spécifiques. Les productions aéronautique et d’électricité devraient ainsi avoir soutenu la croissance au 4e trimestre. A contrario, les indicateurs du climat des affaires, qui résument le mieux la situation générale de l’économie, sont en deçà de la moyenne européenne (PMI composite à 47,5 en France, contre 49,5 en zone euro en décembre).

De plus, le taux d’utilisation des capacités de production dans le secteur manufacturier, qui est un bon indicateur du cycle, s’est détérioré de près de 1,3 point selon la Banque de France sur les deux derniers mois (73,9% en décembre). De plus, la perspective d’un rebond de la consommation des ménages, qui serait encouragé par la désinflation observée (1,8% a/a en décembre contre 4,2% un an plus tôt) et par l’amélioration des conditions d’accès au crédit, est obérée par la forte hausse des craintes des ménages sur le chômage (+24 points en trois mois, à +53 en décembre).

En 2025, la situation économique devrait rester marquée par une demande déprimée. La consommation n’accélérerait pas, tandis que nous anticipons une baisse de 2% de l’investissement des entreprises (le solde d’opinions de l’enquête trimestrielle de l’Insee de janvier sur l’évolution prévue des investissements passe en négatif : -1 contre +7 en octobre). La demande sera pénalisée aussi par un support moindre de la dépense publique (notamment les dépenses venant en soutien à l’investissement, dont France 2030, MaPrimeRenov’ et le bonus automobile).

Pour autant, nous tablons toujours sur une croissance positive en 2025 (+0,1% t/t au 1er trimestre et 0,8% en moyenne annuelle). En effet, nous anticipons un rebond de la production dans des secteurs pénalisés par des contraintes d’offre (aéronautique) et climatiques (agriculture), tandis que les baisses (modérées) des prix immobiliers et des taux d’intérêt permettraient un rebond progressif des transactions immobilières.

Cette croissance serait toutefois nettement plus pauvre en emplois (destructions nettes de 100 000 emplois dans le secteur privé selon nos prévisions, après 110 000 créations en 2023 et une estimation de 30 000 créations en 2024), conduisant le taux de chômage à 8,5% d’ici la fin de l’année 2025.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE