Les dynamiques de consommation et de production industrielle restent défavorables. Les ventes au détail (hors carburant) ont reculé de 0,5 % m/m en décembre et de 1,1 % au T4 par rapport au T3. La production industrielle qui a enregistré, entre septembre et novembre, trois mois de baisse successifs demeure sur une dynamique très difficile au démarrage de l’année 2025. Certes, le PMI manufacturier s’améliore (+1,3 point à 48,3) tout comme l’enquête mensuelle du CBI, mais l’enquête trimestrielle du patronat britannique chute à nouveau lourdement au T1 (-23 points à -47, plus bas niveau depuis le T4 2022). Cette enquête anticipe généralement mieux les retournements de tendance que les chiffres mensuels. Par ailleurs, la confiance des ménages (indice GfK) se détériore depuis août dernier et le mois de janvier acte un plus bas en 13 mois.
Si la dégradation est restée contenue en 2024, le marché du travail commence progressivement à plier sous le poids du ralentissement économique, de la hausse élevée et persistante du coût du travail et des craintes sur les effets des mesures budgétaires restrictives qui entreront en vigueur le 1er avril prochain. Le nombre de salariés a reculé de 0,3 % sur les deux derniers mois de l’année 2024, c’est la baisse la plus importante post-Covid.

Les salaires restent en revanche très dynamiques, les indicateurs (Indeed wage tracker, PAYE, salaire hebdomadaire de base) s’accordant sur une hausse en glissement annuel de 6 % ou plus en novembre et décembre (cf. graphique). Si la hausse tarde pour l’heure à s’estomper, elle devrait finir par se modérer en raison de la baisse des tensions sur le marché du travail et d’un soutien aux salaires de la fonction publique moins important en 2025.
L’inflation a, de son côté, légèrement reflué en fin d’année (de 2,6% en novembre à 2,5 %), avec un ralentissement notable dans les services (de 5,0% à 4,4%) attribuable pour moitié à la chute des prix dans le transport aérien.
Nos prévisions de croissance pour 2025 tablent toujours sur un léger renforcement, à hauteur de 1,1% en moyenne annuelle (contre 0,8 % en 2024), à la faveur de la poursuite du cycle progressif de détente monétaire. En effet, la BoE vient de baisser ses taux directeurs de 25 points de base, et trois nouvelles baisses sont attendues d’ici à la fin de l’année, au rythme d’une baisse par trimestre. Les risques sur le scénario d’inflation sont toutefois orientés à la hausse au vu de l’évolution du marché du travail et de la mise en place des mesures protectionnistes aux États-Unis. Même si le Royaume-Uni était épargné par les sanctions, le pays subirait les contrecoups négatifs indirects d’une guerre commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne.
1 Ecoflash, Royaume-Uni : la détérioration du marché du travail se précise et conforte les baisses de taux, 21 janvier 2025.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 7 février 2025)