Les données d’activité du mois de mai soulignent, une nouvelle fois, des dynamiques assez variées des différentes composantes de la croissance économique chinoise. La performance d’ensemble est toujours un peu terne et annonce un ralentissement de l’activité au T2 2024 par rapport au trimestre précédent.
Le resserrement monétaire drastique engagé par la Fed à compter de mars 2022 pour répondre à l’envolée de l’inflation a entraîné dans son sillage les taux d’intérêt sur les emprunts immobiliers. La forte remontée de ces derniers a contribué à une détérioration importante des indicateurs de demande sur le marché immobilier résidentiel américain (notamment les demandes de prêt et les ventes de logements dans l’ancien). Néanmoins, le dynamisme des autres secteurs de l’économie américaine et la bonne santé financière des ménages a évité que la crise immobilière ne se transforme en crise systémique
La dynamique de l’économie chinoise reste caractérisée par des divergences sectorielles et par la morosité de la demande intérieure privée. Comme l’illustre notre graphique ci-dessous, l’activité dans le secteur manufacturier a gagné en vigueur sur la période février-avril 2024 par rapport aux trois mois précédents, alors que l’activité dans le secteur des services ne s’est pas renforcée.
Les indicateurs économiques pour les deux premiers mois de 2024 attestent d’une légère amélioration de l’activité, principalement tirée par le secteur manufacturier exportateur. La croissance de la production industrielle a atteint +7% en g.a. en volume en janvier-février 2024 contre +6% au T4 2023, et l’investissement manufacturier s’est également légèrement renforcé. Il s’est accru de +9,4% en g.a. en valeur sur les deux premiers mois, après +6,5% sur l’ensemble de 2023.
Les répercussions du conflit en mer Rouge sur le transport maritime mondial sont déjà notables. Si le prix du fret maritime est, à ce stade, encore très en dessous des niveaux observés en 2021, lors du redémarrage de l’économie mondiale post-confinement, la hausse au cours du mois de janvier 2024 a été abrupte. L’indice Freightos (graphique 5) indique, en moyenne, un triplement des coûts de transport par rapport à la fin de l’année dernière. Du fait de leurs positionnements géographiques, la Chine et l’Europe sont les régions les plus directement affectées par ces perturbations, et font déjà face à des hausses de coûts de transport allant d’un facteur trois (trajet Chine-Europe) à cinq (trajet Europe-Chine)
Au T4 2023, la croissance économique chinoise a légèrement accéléré à 5,2% en glissement annuel (g.a.) contre 4,9% au T3, mais elle a perdu en vigueur en rythme trimestriel (+1% t/t après +1,5% au T3). Notre baromètre semble indiquer une amélioration généralisée de l’activité au dernier trimestre par rapport au trimestre précédent, mais celle-ci s’explique toujours largement par la normalisation post-Covid de la demande intérieure et d’importants effets de base. L’économie chinoise continue en réalité de faire face à un grand nombre de fragilités, qui devraient persister à court terme.
Par son poids et ses multiples connexions avec la sphère réelle et financière, le secteur de l’immobilier résidentiel occupe une place centrale dans le cycle économique. L’accélération des prix immobiliers en zone euro, enclenchée en 2014, année marquant la sortie de récession du bloc monétaire, s’était accentuée après le « Grand Confinement » de 2020, avec un pic à près de 10% en glissement annuel au premier trimestre 2022. Le resserrement de la politique monétaire par la Banque centrale européenne, inédit par son ampleur et sa rapidité, semble avoir mis un coup d’arrêt à cette progression avec toutefois, à ce stade, des différences notables entre les pays
En France, le secteur du logement a subi de profondes mutations depuis deux décennies afin de répondre à l’évolution de la demande en faveur notamment de la rénovation et de l’entretien des bâtiments. Cette transformation s’est accélérée à partir de 2016 dans un contexte économique porteur, avec un marché de l’immobilier en croissance et des conditions financières particulièrement favorables (taux d’intérêt bas, peu de défaillances d’entreprises). Cependant, alors que le secteur va devoir continuer de s’adapter (i.e. interdiction progressive de la location des « passoires thermiques »), il fait face à une détérioration de son environnement. La remontée des taux et la hausse des défaillances d’entreprises pourraient compliquer, au moins à court terme, cette nouvelle adaptation.
La remontée significative des taux d’intérêt sur les emprunts hypothécaires des ménages américains a conduit à un assèchement du stock de logements anciens disponibles à la vente. Ce « gel » des ventes dans l’ancien a entraîné un report sur le neuf.
Au T3 2023, la croissance économique chinoise a rebondi à +1,3% en rythme trimestriel, après un très faible +0,5% au trimestre précédent. Elle s’est établie à +4,9% en glissement annuel (g.a.) contre +6,3% au T2 2023, mais cette baisse est due à des effets de base défavorables au T3. La croissance chinoise a atteint 5,2% en g.a. sur les trois premiers trimestres de 2023.
Après quelques hésitations, les autorités chinoises ont finalement multiplié les mesures de relance pendant l’été. Le léger redressement de la croissance économique récemment observé devrait se poursuivre au T4 2023. Cependant, l’action de la banque centrale et du gouvernement reste contrainte, prudente et mesurée, alors que les freins internes et externes pesant sur l’activité sont toujours puissants. Dans le secteur immobilier, même si de l’activité parvient à se stabiliser grâce aux mesures de soutien, elle devrait rester entravée par la fragilité financière des promoteurs et la faiblesse du sentiment des acheteurs
L’incidence sur les charges financièresdes ménages de la remontée des taux d’intérêt, qui découle du resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, est très hétérogène selon les pays de la zone euro. Elle dépend de la proportion des prêts à taux variable dans l’encours, mais aussi des niveaux et de l’évolution des montants empruntés.
Le chef économiste de BNP Paribas, William De Vijlder reçoit Hélène Baudchon, responsable de l'équipe OCDE des Études Économiques ; Richard Malle, Responsable mondial de la recherche de BNP Paribas Real Estate et François Faure, Responsable Équipe Pays émergents et Risque Pays. En ce mois de septembre 2023, ils font le point sur la conjoncture mondiale dans un contexte inflationniste, de relèvement des taux d'intérêt et de resserrement monétaire des banques centrales
Le rebond de l’activité économique observé en début d’année, après l’abandon de la politique zéro Covid, s’est essoufflé dès le printemps 2023. Notre baromètre ci-dessous témoigne de cet affaiblissement. Le moteur exportateur s’est enrayé en raison de la faiblesse de la demande mondiale et des tensions avec les États-Unis. La crise du secteur immobilier s’est poursuivie et les défauts de paiement de promoteurs se sont multipliés
Les indicateurs conjoncturels pour le mois de juin et le second trimestre 2023 témoignent d’une morosité généralisée de l’activité. Les ménages chinois se montrent prudents et limitent leurs dépenses, inquiets face à la crise du secteur immobilier et aux incertitudes qui pèsent sur les perspectives d’emploi.
Les chiffres publiés le 4 juillet par l’agence pour l’emploi espagnol (SEPE) ont surpris à nouveau favorablement. Le nombre d’actifs sans emploi recule de 1,8% sur un mois, soit 50 268 demandeurs de moins, pour s’établir à son plus bas niveau depuis septembre 2008.
La transmission de la remontée des taux interbancaires aux taux de rémunération des dépôts bancaires demeure contenue en Espagne.
De légers signes de redressement de l’activité dans le secteur de l‘immobilier et celui de la construction sont apparus après la levée des restrictions sanitaires en décembre 2022 et grâce aux mesures de soutien prises par les autorités. Cependant, les espoirs d’une amélioration durable sont vite retombés.
Au Royaume-Uni, la normalisation de la politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE), entamée en décembre 2021, a contribué à augmenter le coût des prêts hypothécaires aux ménages : il est passé en moyenne de 1,5% en novembre 2021 à 4,4% en mars 2023.
Les signes d’un repli des prix des logements restent parcellaires. Après avoir enregistré une hausse soutenue durant toute l’année 2021, les prix des logements résidentiels dans les principaux pays européens ont continué de résister au resserrement des conditions de crédit au 4e trimestre 2022, à l’exception notable de la Suède et de l’Allemagne. Une généralisation des baisses de prix immobiliers en 2023 est une éventualité non négligeable au regard du dernier Bank Lending Survey (BLS) de la Banque centrale européenne portant sur les conditions d’octroi de crédit au 4e trimestre 2022.
Les indicateurs économiques pour les deux premiers mois de l’année 2023 attestent du rebond de l’activité chinoise après l’abandon de la politique zéro Covid début décembre 2022 et la fin des perturbations causées par la flambée du nombre de cas de contaminations en décembre-janvier.
Le taux d’intérêt appliqué aux nouveaux crédits à l’habitat des ménages de la zone euro a enregistré en janvier 2023 une hausse inédite de 177 points de base (pb) sur un an. Il s’établissait ainsi à 3,1% en janvier dernier contre 1,3% en septembre 2021, son plus bas historique.
En 2021, 28% de l’encours des crédits à l’habitat accordés aux particuliers par les banques françaises étaient garantis par hypothèque. Cette sûreté réelle consiste à affecter le bien immobilier financé en garantie au profit du prêteur, de manière à pallier les conséquences de la défaillance de l’emprunteur pour les sommes non couvertes par l’assurance emprunteur (en cas de décès, incapacité ou invalidité).
Notre indicateur de capacité d’achat immobilier montre l’évolution de la surface achetable maximale d’un ménage représentatif en France. Avant rebasage (T1 2000=100), il rapporte la capacité d’emprunt, exprimée en montant (calculée en fonction du revenu moyen par ménage, des taux fixes et de la durée moyenne des prêts), au prix des logements anciens au mètre carré. En régions, le pouvoir d’achat immobilier était, au deuxième trimestre 2022, sensiblement supérieur à sa moyenne 1990-2021 (+21%) ; en revanche, à Paris, où la moyenne de longue période tient compte de la bulle immobilière de 1990, qui avait mis à mal la capacité d’achat, celle-ci était quasiment égale à sa moyenne 1990-2021 (+2%)
En seulement sept mois, la part des taux variables dans le total des crédits nouveaux à l’habitat aux ménages italiens a plus que triplé. Elle est passée de 15,8% en février 2022 à 60,9% en septembre 2022. Ce dernier niveau est inédit depuis février 2015 (où, dans un contexte de forte baisse, la part des taux variables était passée de 81,1% en février 2014 à 37,7% en août 2015). Le récent regain d’intérêt des ménages italiens pour les crédits à l’habitat à taux variable procède, à l’évidence, de la hausse de 136 points de base (bp), en moyenne, des crédits à taux fixe entre janvier 2022 (1,48%) et septembre 2022 (2,84%). La hausse enregistrée depuis le début de l’année 2022 par les crédits à l’habitat à taux variable est plus modeste (55 bp)