Le 15 mai 2024, Lee Hsien Loong, Premier ministre de Singapour depuis vingt ans, cédera les rênes du pouvoir à son actuel vice-Premier ministre Lawrence Wong. Ce changement ne devrait altérer ni la gestion très disciplinée des politiques monétaire et budgétaire, ni la stratégie de développement économique du gouvernement, qui vise, en particulier, à adapter le pays au changement climatique et à rehausser son potentiel de croissance. En 2024, l’activité économique devrait se renforcer modérément, notamment grâce à une amélioration du cycle électronique mondial ; les tensions inflationnistes devraient continuer de se réduire, mais elles resteront à un niveau historiquement élevé. Dans ce contexte, les autorités devraient maintenir inchangées les conditions de politique monétaire cette année
Sur la base des estimations avancées pour le T2 2019, le PIB de Singapour a à peine progressé en g.a. (+0,1%) et diminué de 3,4% t/t cvs (contre +1,1% et +3,8%, respectivement, au T1). Le recul du PIB est lié à la mauvaise performance du secteur manufacturier, touché de plein fouet par les effets des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et l’affaiblissement du cycle électronique mondial.
La forte dépendance aux exportations de biens technologiques et l’intégration aux chaines de valeur en Asie rendent Singapour très vulnérable aux effets de contagion des hausses de droits de douane imposées à la Chine par les Etats-Unis. Ses exportations diminuent depuis novembre et la croissance ralentit. Alors que le resserrement de la politique monétaire initié en 2018 devrait marquer une pause à court terme, le gouvernement augmente ses dépenses pour soutenir l’activité. Sa marge de manœuvre est importante étant donné la solidité des finances publiques. Ceci lui permettra également de poursuivre la mise en œuvre de sa stratégie visant à stimuler l’innovation, élever la productivité et améliorer les perspectives de croissance à moyen terme de la cité-Etat.
Singapour est un petit territoire, faiblement doté en ressources naturelles. Il bénéficie, néanmoins, d’une position géographique stratégique en Asie et d’une main-d’œuvre dont les qualifications techniques et la productivité sont parmi les meilleures au monde. Singapour se distingue par l’ouverture de son économie et la qualité de sa gouvernance. Au cours de la décennie écoulée, Singapour a recentré sa politique économique sur la préservation de sa compétitivité moyennant la construction d’un nouveau modèle de croissance, davantage axé sur les technologies et l’innovation, en vue d’attirer les flux commerciaux et d’investissement.
La croissance du PIB réel de Singapour est plus volatile depuis le début des années 2000. Elle a d’ores et déjà ralenti, passant de 3,5% en 2018 à 1,3% en 2019. Singapour est, en effet, exposé à l’impact de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et au ralentissement des échanges mondiaux en raison de sa très importante ouverture commerciale et financière (les exportations représentent plus de 200 % du PIB et les secteurs liés au commerce, plus de 50 %). La cité-État a ainsi été très sévèrement touchée par la crise Covid-19 : l’activité économique s’est contractée de 5,4 % en 2020. Cependant, la solidité des fondamentaux macroéconomiques, ainsi que la robustesse des comptes budgétaires et des opérations extérieures, ajoutées à une gestion rigoureuse des politiques publiques offrent à Singapour une bonne protection contre les chocs.