Une légère remontée de l’inflation est observée cet automne des deux côtés de l’Atlantique. La viscosité des prix dans les services et les risques géopolitiques envisagés pour 2025 ne remettent cependant pas en cause, à ce stade, un scénario d’atterrissage de l’inflation. Celui-ci serait plus rapidement atteint, selon nous, en zone euro qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni.
La semaine écoulée (16-22 septembre) a été dense en réunions monétaires et en rapports d’inflation. Si la première baisse des taux directeurs de 50 points de base par la Réserve Fédérale américaine a été plus franche que ce que nous anticipions, le statu quo du côté de la BoE et de la BoJ est en ligne avec nos attentes. Avec une inflation ancrée sous les 3%, les taux d’intérêt réels des deux côtés de l’Atlantique demeurent largement en territoire restrictif. La modération attendue de l’inflation dans les services devrait inciter les banquiers centraux en Europe et aux États-Unis à poursuivre le desserrement monétaire au cours des prochains trimestres. La progression des salaires dans le secteur privé s’est légèrement accentuée aux États-Unis, tandis qu’elle a ralenti en Europe (page 27)
Aux États-Unis, la hausse des prix à la consommation marque le pas, ce qui est en ligne avec le refroidissement du marché du travail. Après trois mois de progression plus contenue, l’indice IPC a baissé en juin, en variation mensuelle, pour la première fois en deux ans. L’indice sous-jacent a augmenté très modérément (+0,1% m/pm, plus faible depuis mai 2020). Autres signaux importants de désinflation : les mesures alternatives continuent de refluer, et notamment la moyenne ajustée du déflateur, publiée par la Réserve fédérale de Dallas, désormais bien ancrée sous les 3%. Le rebond des prix à la production, encore limité à ce stade, est toutefois à surveiller et pourrait contribuer à limiter le recul de l’inflation des prix à la consommation
Dans les quatre zones couvertes (États-Unis, zone euro, Royaume-Uni, Japon), la progression des salaires se maintient au-dessus de l’inflation, ce qui soutient les gains de pouvoir d’achat des ménages mais contribue, Japon mis à part, à maintenir l’inflation dans les services à des niveaux élevés. Les indices de pressions sur les prix (page 19) et les prix à la production remontent modérément.
La désinflation sur les biens alimentaires et les biens manufacturés se poursuit, dans son ensemble, tandis que la déflation sur les prix de l’énergie s’est – à l’exception du Royaume-Uni- largement atténuée. Hormis au Japon, les indicateurs de pression sur les prix (côté offre) ont rebondi ces derniers mois (page 19) et la progression des salaires dépasse celle de l’inflation dans l’ensemble des zones couvertes (page 27).
Malgré le rebond aux États-Unis, l’inflation continue globalement de marquer le pas dans les pays du G7 et dans l’ensemble de la zone euro. Au Japon, le maintien des prix à la consommation au-dessus des 2% restera compliqué à court terme, du fait de l’essoufflement des dynamiques de hausse observées cet hiver : l‘inflation a bien rebondi en février du fait d’effets de base, mais le 3m/3m annualisé est retombé à 1,3%. Côté services, la baisse de cette mesure de momentum est plus nette, à 0,4% seulement. L'augmentation historique des salaires accordée à l’issue du Shunto (5,3% au total, dont 3,7% en salaire de base) confortera néanmoins la BoJ dans sa démarche de normalisation (très progressive) de la politique monétaire
La désinflation des prix à la consommation marque le pas en début d’année en Europe et aux États-Unis. Les effets favorables liés à la déflation des prix énergétiques s’estompant, l’inflation sous-jacente, toujours élevée, contribue désormais pour la quasi-totalité à la hausse des prix aux États-Unis. C’est moins vrai en zone euro et au Royaume-Uni, où l’inflation alimentaire contribuait encore pour près d’un tiers à l’inflation totale en janvier. Le reflux de l’inflation en 2023 a conduit dans toutes les zones à un recalage à la baisse des anticipations d’inflation des ménages à court terme (1 an) vers celles de long terme (5 ans)
L’inflation headline est restée stable ces derniers mois aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni tandis qu’elle a baissé au Japon. Le recul de l’inflation sous-jacente est, quant à lui, généralisé et il se poursuit. Les indicateurs agrégés de pressions sur les prix, calculés à l’aide des enquêtes PMI, continuent de se détériorer, sur fond d’allongement des délais de livraison lié aux perturbations actuelles sur le commerce maritime mondial. Les indicateurs PMI relatifs aux prix des intrants sont également en hausse aux États-Unis et au Royaume-Uni.
L’inflation a regagné du terrain aux États-Unis et en zone euro au mois de décembre, passant respectivement de 3,1% à 3,4% et de 2,4% à 2,9% en glissement annuel (g.a.). Les points morts d’inflation (obligations à 10 ans) pour les quatre grandes économies de la zone euro ont toutefois reflué en dessous de celui des États-Unis. Le point mort a aussi baissé au Royaume-Uni, où le contexte inflationniste s’est amélioré, même s’il reste plus dégradé qu’ailleurs.
Les derniers chiffres d’inflation des principales économies développées ont permis d’alimenter le déclin des rendements obligataires et ont renforcé la conviction que des premières baisses de taux directeurs interviendront dans le courant du premier semestre 2024, aussi bien aux États-Unis, en zone euro qu’au Royaume-Uni.
Hormis au Japon, l’inflation sous-jacente recule dans la plupart des économies avancées. Le repli est assez généralisé (produits alimentaires, habillement ou encore biens ménagers). Cette dynamique sous-tend nos prévisions qu’aucune nouvelle hausse de taux n’est à prévoir de la part de la Réserve fédérale (Fed), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre (BoE). Toutefois, au Royaume-Uni, le maintien des taux ne fait pas l’unanimité au sein du Conseil de politique monétaire (MPC) et une surprise outre-Manche n’est pas à écarter.
Aux États-Unis, l‘inflation sous-jacente a de nouveau baissé en août, tout comme la croissance des salaires. En zone euro, l’inflation headline est repassée, depuis juillet, légèrement en dessous de la mesure sous-jacente. La situation au Royaume-Uni reste la plus dégradée mais les dernières évolutions sont plutôt positives. Au Japon, le nouveau contexte inflationniste entraîne un réajustement à la hausse des anticipations de marché.
À Jackson Hole le 25 août 2023, Jerome Powell a livré une analyse détaillée de l’inflation américaine. Il a notamment mis l’accent sur les trois grandes composantes de l’inflation sous-jacente qui permettront de suivre les progrès réalisés sur le chemin de la désinflation. On y voit deux tendances encourageantes – la baisse importante de l’inflation des biens (hors énergie et alimentation) et le début de reflux de l’inflation des services liés au logement – mais aussi, et surtout, une troisième tendance, préoccupante : l’absence de baisse dans les autres services.
Avec un poids de 34,4%, les loyers constituent le principal poste de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis. Leur progression s’est fortement accélérée depuis 2021 et la reprise économique post-pandémique : de 1,5% en glissement annuel en février 2021, leur hausse a atteint un pic à 8,2% en mars 2023 et n’a que très légèrement reflué depuis, à 8,0% en mai. La contribution importante de cette composante « loyers » maintient l’inflation américaine à un niveau élevé.
La dynamique de l’inflation au Royaume-Uni continue d’inquiéter, tandis qu’au Japon, les anticipations de marché s’ajustent encore timidement au nouveau contexte inflationniste. L’inflation sous-jacente aux États-Unis est restée élevée en avril, mais certains indicateurs alternatifs s’améliorent quelque peu. En zone euro, plusieurs secteurs des services connaissent une poussée inflationniste de plus en plus importante, alimentée pour certains par la hausse des salaires.
Les banquiers centraux restent confrontés à une inflation élevée qui s’est généralisée à la quasi-totalité des postes de l’indice des prix à la consommation. Si l’inflation des produits alimentaires demeure l’un des principaux moteurs de la hausse des prix, la dynamique dans les services reste très vigoureuse.
L’inflation énergétique continue de perdre en vigueur. Les pressions sous-jacentes progressent néanmoins en zone euro, et certaines mesures alternatives scrutées par la BCE – la médiane pondérée et l’IPCH supercore – ont atteint un nouveau sommet (respectivement à 7,8% et 6,3% en février). Aux États-Unis, l’inflation sous-jacente a ralenti légèrement en février mais la progression mensuelle de l’indice, si elle se poursuit, est toujours cohérente avec un niveau d’inflation supérieur à 3%. L’inflation britannique (totale et sous-jacente) est légèrement remontée en mars.
Cette nouvelle publication « baromètre de l’inflation » vise à fournir un panorama mensuel, simple de lecture, des dynamiques d’inflation au sein des principales économies développées. Ce cahier de graphiques intègre les dynamiques actuelles des prix (prix à la consommation et à la production, et ses principaux contributeurs), celles anticipées par les ménages et les entreprises, ainsi que les prévisions induites des marchés. La relation entre l’inflation et certains de ses principaux déterminants est également incluse.Cette première édition du baromètre de l’inflation intègre un suivi pour les Etats-Unis, la zone euro et le Royaume-Uni. Ce document sera toutefois amené à s’étoffer au fil du temps.
Un ensemble de graphiques montrant l'évolution économique dans les principaux pays