D’après les dernières enquêtes sur le climat des affaires et celles réalisées auprès des ménages, le rebond de l’économie allemande devrait encore se faire attendre. Le climat des affaires IFO a retrouvé en novembre (85,7) un niveau proche de celui de septembre (85,4, soit son plus bas niveau depuis mai 2020), après un rebond ponctuel en octobre (86,5). Ce retour à un niveau bas s’explique principalement par l’indice sur les services dans un contexte politique incertain, l’éviction du ministre des Finances C. Lindner ayant soudainement fait entrer l’Allemagne dans une période pré-électorale (élection anticipée prévue le 23 février 2025).
En parallèle, la croissance des salaires négociés s’est nettement accélérée au 3e trimestre (salaire horaire en hausse de 8,8% a/a), résultat d’un processus de négociation assez long (bisannuel alors qu’il est annuel en France) et compensant par conséquent, avec retard, les salaires impactés par l’inflation. Cette hausse des salaires nominaux pourrait soutenir la consommation, mais ce soutien risque d’être modéré. En effet, l’indice de confiance des ménages s’est nettement dégradé, passant de -18,3 en octobre à -23,3 en novembre. Il est ainsi nettement inférieur à son niveau pré-crise inflationniste (-6,9 en février 2022 et +5,3 en moyenne entre 2001 et 2021).
Ce repli de la confiance des ménages s’explique par le retournement à la baisse perceptible sur le marché du travail, avec un climat de l’emploi de l’IFO à 93,7 en octobre (un plus bas depuis novembre 2005, hors périodes de récession de 2008 et de crise Covid) et des destructions nettes d’emplois de près de 76 000 unités au cours des quatre derniers mois. Parmi les éléments négatifs, l’inflation est remontée à 2,4% a/a en octobre (indice harmonisé) contre 1,8% en septembre et l’inflation dans les services atteint même 4,8% (contre un point bas à 3,4% a/a en décembre 2023).
Les données de PIB font état d’une économie en stagnation depuis trois ans environ. Le PIB du 3e trimestre 2024 est proche de celui du 4e trimestre 2021. La croissance au 3e trimestre a été révisée à 0,1% t/t (contre 0,2% en première estimation), soutenue par la consommation (privée et publique), mais tirée vers le bas par les exportations et l’investissement. Sur la base de notre prévision de 0,3% pour le T4 2024, l’économie allemande devrait s’être légèrement contractée en 2024 (-0,1%), comme en 2023.
Achevé de rédiger le 27 novembre 2024