La surprise est positive et cela mérite d’être souligné dans le contexte actuel : selon les premières estimations, la croissance dans la zone euro au troisième trimestre a, en effet, été plus élevée que prévu.
En outre, cette meilleure performance est portée par la France, dont le taux de croissance – meilleur qu’attendu – talonne celui de l’Espagne (dont la croissance a été conforme aux attentes). En revanche, l’Allemagne et l’Italie ont fait du sur-place, décevant notre prévision d’une croissance légèrement positive.
Si le résultat d’ensemble est encourageant, la disparité des performances demeure importante. L’Espagne continue de surperformer ses partenaires, l’Allemagne de sous-performer.
Quant à la France et l’Italie, passé le rebond post-Covid qui a été plus marqué en Italie, depuis la fin 2022 la France a repris de l’avance, avec une croissance trimestrielle moyenne plus élevée.
L’autre bonne nouvelle est que l’amélioration de la situation économique dans la zone euro devrait se poursuivre, au regard de l’orientation générale des enquêtes de confiance jusqu’en octobre, auprès des entreprises comme auprès des ménages.
L’amélioration reste timide mais elle concerne les « quatre grands » : Allemagne, France, Italie, Espagne. Et le fait que le redressement du climat des affaires soit plus marqué en Allemagne vient renforcer le signal positif global.
La stabilité du taux de chômage à un bas niveau est un autre élément favorable du tableau conjoncturel de la zone euro.
Est-ce que ce nouvel élan qui se dessine sera seulement conjoncturel ou marque-t-il le début d’un redressement plus structurel ? Il est encore trop tôt pour le dire mais notre point de vue se veut optimiste et nous pensons qu’un renforcement de la croissance potentielle en zone euro est en cours.
Certes, à court terme, ce discours positif pourrait se heurter à un contre-coup possible sur la croissance française en fin d’année, qui risque de pâtir de l’incertitude politico-budgétaire actuelle.
Ce discours positif se heurte également à la comparaison des dynamiques récentes de croissance avec les États-Unis, qui fait ressortir la contre-performance de l’Europe. Malgré le choc tarifaire, le boom de l’IA, la vague d’investissements associés et l’engouement des marchés boursiers mettent, en effet, du vent dans les voiles de la croissance américaine, bien plus qu’en Europe.
Mais le tableau n’est pas qu’au désavantage de l’Europe. C’est ce qui ressort, par exemple, d’un classement récent en termes de compétitivité, établi par le cabinet Eight Advisory.
Ce classement révèle que ce sont des pays européens qui occupent les sept premières places, quand les États-Unis sont classés au 19ème rang (sur un échantillon de 58 pays), deux places derrière la France.
Ce classement montre que la puissance économique ne fait pas tout : les trois autres grands piliers que sont la cohésion sociale, l’enseignement et la soutenabilité environnementale sont également déterminants et l’Europe est plutôt en bonne position pour capitaliser sur ces critères.
Ensuite, face aux nombreux défis à relever, l’Europe est en train de passer du temps de la prise de conscience à celui de l’action. Certes, elle bouge avec lenteur mais elle bouge, dans le sens d’un renforcement des fondamentaux économiques européens.
En parallèle, les efforts de réarmement européens et le plan massif d’investissement en Allemagne prennent progressivement forme et sont un soutien à la croissance. À l’actif de la zone euro, on mentionnera aussi l’inflation, qui est proche de la cible et qui permet à la politique monétaire d’être en « bonne place ».
Au global, contrairement aux États-Unis où le tournant protectionniste et le durcissement de la politique migratoire font peser un risque baissier important sur la croissance américaine, en Europe, et dans la zone euro en particulier, le scénario le plus probable nous semble être celui d’une accélération de la croissance. Merci de votre attention et d’avoir regardé ce nouveau numéro d’EcoTV.