En août 2025, la baisse des taux de marché (Euribor, swap, etc.), amorcée en octobre 2023, a globalement été transmise dans son intégralité aux taux des nouveaux crédits bancaires aux entreprises et aux ménages de la zone euro.
Zone euro : taux de transmission des taux de marché aux taux bancaires
Les banques tendent généralement à ajuster la tarification de leurs nouveaux prêts au coût de leurs ressources de maturité comparable. Les taux swap sont, à ce titre, de bons taux de référence car ils offrent une approximation fiable de ce que le marché estime être la chronique anticipée des taux à court terme pour un large éventail d’horizons. La baisse des taux directeurs de la BCE entre juin 2024 et juin 2025 (qui n’affectent directement que les taux – très courts – du marché monétaire via le canal des taux d’intérêt) a donc exercé une influence modeste sur la tarification des crédits bancaires à long terme. Cette référence aux taux swap contribue également à expliquer que les taux des crédits à long terme aient baissé davantage que celui du Bund à 10 ans (qui a même légèrement augmenté entre décembre 2023 et août 2025), principal taux de référence de maturité comparable à l’échelle de la zone euro.
La transmission des taux de marché est appréciée en comparant la baisse du taux de plusieurs catégories de nouveaux prêts à celle d’un taux de marché de maturité comparable, depuis leur pic respectif le plus récent[1] et jusqu’en août 2025. Par exemple, le taux moyen des nouveaux crédits à l’habitat aux ménages[2] a diminué de 78 pb entre novembre 2023 et août 2025, pour s’établir à 3,36%, tandis que le taux swap 10 ans contre 3 mois a diminué de 76 pb entre septembre 2023 et août 2025 pour s’établir à 2,62%. Le taux de transmission est donc de 103%.
Le coût des ressources bancaires n’est toutefois pas la seule variable expliquant la tarification des crédits. À la différence des taux de marché de référence utilisés, les taux des prêts bancaires ne sont pas des taux sans risque. La marge d’intérêt bancaire inclut en effet une prime de risque reflétant le risque lié à l’emprunteur. Ainsi, l’augmentation de 2,1 pp entre le T3 2023 et le T2 2025, pour s’établir à 11,7%, de la part des crédits à la consommation détériorés mais pas encore non-performants (phase 2 selon IFRS 9) contribuerait à expliquer la transmission moins efficace (41% selon notre calcul) à cette catégorie de prêts. Alors que les taux longs devraient plutôt rester orientés à la hausse, une baisse supplémentaire des taux bancaires courts et longs apparaît difficilement envisageable. Surtout, les taux des crédits aux ménages semblent être déjà repartis à la hausse.