TRANSCRIPTION
Isabelle Gounin-Levy : Comment évoluent les taux des prêts bancaires aux ménages dans la zone euro ?
Laurent Quignon : Les prêts à taux fixe constituent environ les trois quarts de la production nouvelle des prêts au logement dans la zone euro. Il en résulte que leur taux moyen est largement influencé par le taux du swap 10 ans. Ce taux swap 10 ans est en effet un bon indicateur du coût des ressources bancaires pour les maturités longues et dépend des anticipations d’inflation et de taux directeurs à long terme. Il a atteint un pic à l’automne 2023, puis avec la désinflation et la révision à la baisse des anticipations de taux directeurs de la BCE, est ensuite redescendu et évolue dans une fourchette de 2,30-2,60% depuis le printemps 2024. Ces évolutions se sont répercutées, moyennant un petit délai de transmission, au taux moyen des prêts aux logement. Alors qu’il culminait à 4,06% en novembre 2023, il a fortement baissé jusqu’en février 2025 (3,33%) et s’est stabilisé ensuite autour de ce niveau, et s’établissait précisément à 3,28% en juillet 2025 d’après les chiffres que la BCE vient de publier.
Pour leur part, les taux des prêts à la consommation dépendent davantage des taux d’intérêt à court terme. Ils ont légèrement reflué, passant de 8% environ en janvier 2024 à 7,46% en juillet 2025, mais beaucoup moins fortement que les taux de marché. Ils incorporent en effet une prime de risque qui demeure relativement élevée dans un contexte économique incertain.
Isabelle Gounin-Levy : Et concernant les prêts aux entreprises ?
Laurent Quignon : En juillet 2025, les prêts aux sociétés non financières dont le taux de référence avait une maturité inférieure ou égale à 3 mois représentaient 60% de la production nouvelle et même 80% si l’on étend cette maturité jusqu’à un 1 an. En conséquence, les prêts aux entreprises sont, en moyenne, plus dépendants des taux de marché à court terme que des taux longs. Dans le sillage de ces derniers, après un pic à 5,78% en novembre 2023, ils ont diminué jusqu’en juillet 2025 à 3,52%.
Isabelle Gounin-Levy : Comment voyez-vous évoluer le coût du crédit pour les ménages et pour les entreprises au cours des prochains trimestres ?
Laurent Quignon : Dans notre scénario, les taux directeurs devraient se stabiliser à leurs niveaux actuels au moins jusqu’à l'automne 2026. La hausse modérée de certains taux souverains 10 ans que nous anticipons masque une relative stabilité des anticipations de taux directeurs et du taux swap 10 ans et découle d’une hypothèse d’élargissement des swap spreads - qui mesurent l’écart entre les taux souverains et le taux du swap. En conséquence, les conditions de crédit appliquées aux ménages et aux entreprises devraient demeurer assez proches, au cours des prochains trimestres et selon ces hypothèses sous-jacentes, des niveaux qui prévalent actuellement.