Après une année 2025 marquée par la résistance de l’économie mondiale, qui se termine avec un certain optimisme, 2026 s’annonce sous de bons auspices et pourrait être une année de performances économiques solides. Dans notre scénario central, nous nous attendons à ce que la plupart des facteurs de soutien à l’œuvre en 2025 continuent de jouer en 2026 – politique économique favorable, IA, prix du pétrole bas –, voire montent en puissance – plan de relance allemand et efforts de réarmement européens. La croissance de la zone euro se distinguerait ainsi par son renforcement (1,6% en 2026 et 2027 après 1,5% en 2025), tandis que la croissance américaine se stabiliserait sur un rythme proche mais en deçà de 2%
Les finances publiques des économies avancées de notre étude (États-Unis, Allemagne, France, Italie, Espagne, Royaume-Uni et Japon) subissent une conjonction de contraintes. La remontée structurelle des taux d’intérêt complique d’ores et déjà la donne, mais ses effets ne se font pas encore pleinement ressentir. Lorsque ce sera le cas (à la fin de la décennie), la plupart des pays devront générer des excédents primaires afin de stabiliser leur ratio d’endettement. En parallèle, les finances publiques devront également financer des besoins liés au vieillissement de la population, à la défense et au changement climatique. Dans ce contexte, une croissance plus élevée faciliterait la stabilisation des ratios de dette publique/PIB, et inversement.
La croissance des États-Unis devrait se rapprocher de son rythme potentiel en 2026. Cette résilience masquerait une croissance « en forme de K » soutenue par l’investissement lié à l’IA et la consommation des plus aisés. L’investissement dans les autres postes de l’économie n’est pas aussi dynamique, tandis que la plupart des Américains font face à une inflation persistante et à une détérioration du marché du travail. À la fin du T1 2026, la Fed devrait clore son cycle d’assouplissement monétaire lié à l’emphase sur la composante emploi de son mandat dual. L’impulsion budgétaire resterait légèrement négative en 2026 du fait des tarifs douaniers, dont la délimitation restera un sujet central.
La croissance en zone euro devrait se renforcer en 2026 (1,6%), tirée par l’investissement et un rebond de l’activité en Allemagne. Selon nos prévisions, l’inflation évoluerait sous la cible des 2%. Le redressement attendu de la croissance du PIB amènerait néanmoins la BCE à maintenir ses taux inchangés jusqu’en 2027 avant de les augmenter. L’impulsion budgétaire resterait globalement neutre, une consolidation budgétaire en France et en Italie venant compenser l’accroissement du déficit allemand. Les taux des nouveaux crédits aux ménages et aux entreprises devraient demeurer stables en 2026, et la production nouvelle continuerait de décélérer tant du côté des ménages que des entreprises. En revanche, les taux souverains enregistreraient une hausse contenue.
L’économie allemande est en train d’opérer un virage stratégique, avec l’augmentation de la dépense publique, susceptible de modifier en profondeur son modèle. Ce tournant permettrait de relancer l’investissement des entreprises et la consommation des ménages, et réduire la dépendance du pays aux exportations. La stabilité du PIB au T3 2025 témoigne de cette dualité : la hausse de la dépense publique et de l’investissement privé compense le recul des exportations, qui se poursuit. Après 0,3% en 2025, la croissance de l’Allemagne accélèrerait nettement en 2026 (1,4%) et 2027 (1,5%), la dynamique se diffusant progressivement au secteur privé. La hausse de la dette publique devrait rester contenue et limitée dans le temps
La croissance française rebondit depuis le T2 2025, en raison de la production aéronautique et de l’investissement des entreprises dans un contexte de repli des taux d’intérêt. Deux supports qui se sont ajoutés à des soutiens déjà présents : la croissance des services et celle de la consommation publique. En 2026, ces tendances se poursuivraient et les exportations bénéficieraient du rebond de la croissance allemande. L’inflation resterait faible et la consommation des ménages se raffermirait modérément, dans un contexte d’incertitude politique toujours élevée. La croissance du PIB français retrouverait en 2026 son niveau de 2024 (1,1%), après 0,8% en 2025.
L'économie italienne est résiliente : au T3, le PIB a légèrement rebondi et l’inflation a été modérée, préservant le pouvoir d'achat des ménages. Selon nos prévisions, la croissance resterait proche de 1% en 2026 et 2027. La confiance des marchés s'est renforcée : les agences ont revu leurs notations à la hausse en raison de la stabilité politique, de l'assainissement budgétaire et d’une hausse de la dette publique détenue à l'étranger. Le secteur pharmaceutique et les ventes intra-UE tirent les exportations, et les échanges avec les États-Unis restent positifs. Malgré la solidité du marché du travail, la productivité reste faible. En cause : le manque d’investissements immatériels, une numérisation faible et une fragmentation forte des entreprises
La croissance espagnole devrait continuer de surpasser celle de la zone euro. Elle repose sur la dynamique de son marché du travail, qui engendre des gains de pouvoir d’achat et soutient la consommation. De son côté, l’investissement bénéficie de la baisse des taux d’intérêt, mais aussi des financements européens. Cette forte croissance du PIB permettra de dégager des excédents primaires et de poursuivre la réduction du ratio de dette publique. L’activité espagnole devrait toutefois se heurter à la contrainte du plein-emploi à la fin de la décennie, en l’absence de gains de productivité significatifs.
La croissance s’établirait à 1,1?% en 2026, un rythme inférieur à celui de 2025 (1,4?%) qui bénéficie d’un T1 2025 particulièrement fort. Cette croissance du PIB devrait toutefois être inéquitablement répartie. D’un côté, le secteur des services devrait bénéficier du développement de l’IA. De l’autre, les ménages subiront la détérioration du marché du travail, et l’industrie sera pénalisée par une dégradation de sa compétitivité et une concurrence accrue de la Chine. La désinflation resterait progressive, limitant la marge d’assouplissement de la BoE. Le policy mix sera plus accommodant, avec une partie de l’effort de consolidation budgétaire reporté à la fin de la décennie
L’économie japonaise est prise entre plusieurs feux. La croissance a amorcé une phase de ralentissement vers son niveau potentiel. Le Japon peut se targuer d’une situation de plein-emploi, de la bonne santé de ses entreprises et d’une réduction de son ratio de dette publique. Dans le même temps, l’inflation s’éloigne de plus en plus de la cible de 2% et les salaires réels se contractent, ce qui pèse sur la consommation. La politique commerciale américaine reste un facteur de risque et les problèmes structurels, liés à la faiblesse de la demande domestique et à l’offre contrainte sur le marché du travail, demeurent. Enfin, les taux d’intérêt longs remontent nettement, notamment en raison de l’expansionnisme de la politique budgétaire, et l’affaiblissement de la devise se poursuit
PIB, inflation, chômage, solde courant, solde budgétaire, ratio de dette publique des principales économies avancées.
Les contributions des différentes composantes de la demande à la croissance trimestrielle (t/t non annualisé).
Les prévisions économiques et financières des principales économies au 15 décembre 2025.
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