La croissance des économies émergentes reste solide depuis le début de l’année, grâce notamment au dynamisme des exportations et à l’assouplissement des conditions financières. Jusqu’à l’été, les achats anticipés dans la perspective des hausses tarifaires aux États-Unis ont stimulé les échanges. De plus, les flux commerciaux se sont réorganisés. En 2026, les politiques budgétaires et monétaires continueront de soutenir la croissance mais seront plus contraintes. L’assouplissement monétaire sera moins marqué qu’en 2025, ne serait-ce qu’en raison du rythme de désinflation inégal selon les pays. Les marges de manœuvre budgétaires seront, quant à elle, contraintes par la nécessité de freiner la croissance des ratios d’endettement public
Europe centrale : Résilience | Asie : Des exportations toujours dynamiques | Afrique du Nord et Moyen-Orient : Optimisme prudent | Amérique Latine : Peu impactée par le choc tarifaire américain mais des finances publiques fragiles
Les indicateurs clés des principaux pays émergents et ceux de leur endettement public et de leur vulnérabilité aux conditions financières extérieures.
Après un début d’année solide, la croissance économique chinoise a ralenti progressivement. Grâce à une réorientation rapide, les exportations ont bien résisté au choc tarifaire américain. Elles constituent le principal moteur de l’activité, alors que la demande intérieure reste obstinément fragile. Les autorités ont lancé une campagne « anti-involution », mais il est également urgent d’ajuster la politique de la demande pour relancer la consommation et l’investissement intérieur, à un moment où les exportations pourraient commencer à s’essouffler. Malgré la dégradation des finances publiques des dernières années, le gouvernement central et les collectivités locales conservent une certaine marge de manœuvre pour agir.
La croissance économique indienne a surpris à la hausse entre avril et juin 2025 (+7,8% en g.a.). Mais l’activité est moins dynamique qu’il n’y paraît et les risques baissiers sur la croissance sont élevés. La consommation des ménages reste molle. Pour soutenir la demande intérieure et compenser l’impact de la hausse des tarifs douaniers américains sur l’activité, le gouvernement a annoncé une baisse des taux de TVA, alors même que ses marges de manœuvre budgétaires sont limitées. La Banque centrale devrait continuer à être prudente dans son assouplissement monétaire car les pressions à la baisse sur la roupie restent fortes
L’Indonésie est moins exposée aux conséquences de la hausse des tarifs douaniers américains que les autres pays de l’ASEAN, mais les risques baissiers sont importants. Pour soutenir la croissance, les autorités ont multiplié les mesures de soutien à l’économie. La Banque centrale a réduit ses taux directeurs, davantage que dans les autres pays asiatiques, et le nouveau ministre des Finances a annoncé un relèvement des dépenses sociales. La dette publique reste contenue mais elle est financée principalement sur les marchés obligataires, en particulier par les investisseurs étrangers qui s’inquiètent d’un dérapage budgétaire sous l’administration Prabowo
La croissance économique turque marque le pas. Hors restockage, la demande finale s’est contractée au T2 2025, après avoir nettement ralenti au T1. Ce faisant, elle s’est rééquilibrée avec moins de consommation et plus d’investissement. La contribution des échanges extérieurs est devenue négative mais, pour l’instant, le déficit courant reste contenu grâce à la baisse de la facture énergétique et aux recettes du tourisme. La persistance de l’inflation demeure le principal frein à la croissance, non seulement par ses effets délétères sur le pouvoir d’achat et la compétitivité extérieure (via l’appréciation du taux de change réel), mais aussi par la contrainte qu’elle impose à la politique monétaire dans un contexte d’instabilité financière, temporaire mais récurrente
La Pologne devrait faire son entrée, dès 2025, dans le cercle des 20 plus grandes puissances économiques mondiales. Son PIB en valeur dépasserait les 1000 milliards de dollars cette année. Le pays pourrait aussi voir son PIB par tête (en volume et en PPA) dépasser celui du Japon, selon les prévisions du FMI. L’économie polonaise continue de surperformer dans la région. En 2025 et 2026, l’investissement et la consommation seront les principaux piliers de la croissance. L’inflation est revenue à la zone cible depuis juillet, procurant ainsi davantage de flexibilité pour la politique monétaire. En revanche, la marge de manœuvre budgétaire est plus limitée, même si la consolidation se fera graduellement.
Les incertitudes électorales ont fortement pesé sur l’activité économique de la Roumanie l’an dernier. En 2025 et 2026, la croissance économique ne devrait s’améliorer que légèrement. L’inflation a accéléré ces deux derniers mois et va poursuivre sa remontée à court terme alors qu’elle reflue dans l’ensemble des pays d’Europe centrale. Pour autant, les autorités monétaires ne devraient pas changer leur cap et maintiendront sans doute un statu quo à court terme. Quant à la politique budgétaire, la marge de manœuvre pour soutenir l’économie est significativement réduite en raison des mesures de consolidation d’envergure.
Sous l’effet du resserrement monétaire, la croissance économique du Brésil s’essouffle depuis deux trimestres. Le ralentissement de la demande intérieure favorise néanmoins la poursuite du processus de désinflation, également soutenu par la baisse des prix alimentaires et du pétrole ainsi que par le renforcement du real. Malgré le cadre monétaire très restrictif, les marchés du travail et du crédit continuent d’offrir des poches de résistance à l’économie. L’impact des tensions commerciales avec les États-Unis reste, pour l’heure, contenu. Des initiatives diplomatiques, combinées au positionnement géostratégique du Brésil, laissent entrevoir un apaisement des tensions
La croissance économique mexicaine a bien résisté au premier semestre 2025. Le ralentissement devrait être plus marqué au cours des prochains trimestres : le dynamisme des exportations devrait s’estomper avec l’application des tarifs américains, tandis que la demande intérieure resterait à la peine. L’inflation devrait ralentir modérément, et le cycle d’assouplissement de la politique monétaire se poursuivrait en 2026. Les finances publiques représentent une faiblesse structurelle de l’économie mexicaine. Le soutien régulier à l’entreprise pétrolière Pemex, la rigidité des dépenses et les scénarios trop optimistes du gouvernement lors de la définition de son budget annuel ont conduit à l’échec des politiques de consolidation prévues par les gouvernements successifs
Depuis le printemps, la situation macroéconomique et financière s’est fortement détériorée. La stabilisation pourtant réussie de 2024 a finalement été de courte durée. L’économie devrait avoir formellement basculé en récession au troisième trimestre. Le compte courant est de nouveau en déficit malgré la budgétaire très restrictive et, en dépit du soutien massif du FMI depuis avril, les réserves de change restent très insuffisantes au regard des tombées de dette extérieure à venir. Depuis septembre, le gouvernement bénéficie du soutien du Trésor américain et le parti du président Milei est sorti grand vainqueur des élections de mi-mandat, ce qui a permis de rassurer les investisseurs
En Colombie, la croissance économique rebondit après deux années de mauvaises performances, mais plusieurs secteurs d’activité sont encore à la traîne et l’investissement reste faible. Les regards se tournent désormais vers les élections législatives et présidentielles de 2026, qui pourraient donner lieu à de grands revirements de politique économique et budgétaire. La prochaine administration héritera d’un déficit budgétaire record et d’une dette publique en forte hausse. En l’absence de règle budgétaire, suspendue pour trois ans, elle devra agir vite pour jeter les bases de la consolidation des finances publiques, avant que la confiance des investisseurs ne s’érode davantage.
La stabilisation progressive de l’économie égyptienne se confirme, portée par le rétablissement de la liquidité en devises, et ce malgré le rythme inégal des réformes. Le rebond de l’activité, soutenu par la consommation des ménages, a été plus solide qu’attendu, en dépit d’un environnement budgétaire et monétaire restrictif. La baisse de l’inflation paraît inscrite dans la durée et devrait permettre la poursuite de l’assouplissement monétaire dans les trimestres à venir. Les perspectives concernant la liquidité en devises sont favorables, notamment grâce aux importants financements des créanciers bi- et multilatéraux
L’économie marocaine poursuit sur sa lancée. Peu impactée par le resserrement de la politique douanière américaine, elle enregistre une croissance du PIB soutenue depuis le début de l’année. La demande intérieure est solide, portée par l’investissement. Malgré des vents contraires dans le secteur automobile, les risques macro-financiers sont contenus et les perspectives économiques bien orientées. La pression sociale actuelle pourrait toutefois peser sur la dynamique des finances publiques qui reste, jusqu’à présent, maîtrisée. L’amélioration des conditions de financement devrait permettre au Maroc de faire face à une éventuelle dégradation.
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