Véhicules électriques : après un démarrage sur les chapeaux de roues, le marché européen doit passer à la vitesse supérieure. Une manœuvre délicate

16/12/2025

Alors que la transition énergétique bat son plein, le marché européen des véhicules électriques est à un tournant. Après un démarrage prometteur, il est temps de passer à la vitesse supérieure pour répondre aux ambitions climatiques de l'Union européenne. Mais cette accélération ne sera pas sans défis.

Transcription

Véhicules électriques : après un démarrage sur les chapeaux de roues, le marché européen doit passer à la vitesse supérieure. Une manœuvre délicate.

- On le dit souvent, au-delà d’être des catastrophes humaines, l’épidémie de Covid 19 ainsi que la guerre en Ukraine sont aussi des points de bascule, vers un monde à la fois plus conflictuel et instable.

- Il appartiendra aux historiens d’analyser dans quelques années toutes les conséquences de ces deux crises. Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que celles-ci auront considérablement accéléré nombre de mutations, dans les secteurs des énergies renouvelables, des technologies de l’information, ou du numérique.

# Un séisme qui a pour épicentre la Chine

- Le constat vaut aussi pour le marché des véhicules électriques, dont l’existence ne date pas d’aujourd’hui, mais qui est en train de connaitre une véritable révolution.

- Les chiffres sont éloquents. Encore confidentielles en 2019, les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont été multipliées par dix en l’espace de six ans ; en 2025 elles franchissent la barre des 20 millions d’unités, soit près du quart des ventes mondiales.

- Autre fait remarquable, bien que somme toute assez attendu : c’est la Chine qui, ici, se taille la part du lion. En 2025, elle assure à elle seule les deux tiers de la production mondiale de véhicules électriques. Ce chiffre s’explique d’abord par le fait que les constructeurs de l’Empire du milieu dominent sans partage leur propre marché, qui est de loin le plus important.

- Néanmoins, leur prévalence tend aussi à s’affirmer de plus en plus en dehors des frontières.

# En Europe, un marché où la concurrence fait rage

- Avec la fermeture du marché américain, c’est notamment l’Union européenne et ses 250 millions d’automobilistes qui sont ciblés. Partant de zéro ou presque avant la Covid, la part de marché des véhicules électriques de marques chinoises y atteint déjà 10% ; en 2025, elle continue de progresser, notamment grâce aux véhicules hybrides, moins taxés par Bruxelles que leurs pendants 100% électriques.

- Pour les constructeurs européens, l’enjeu est devenu pratiquement existentiel, d’autant qu’après avoir connu une ascension verticale, le marché a été moins porteur en 2024, pâtissant du recul des aides gouvernementales.

- Les manufacturiers du vieux continent pourraient retrouver quelques couleurs en 2025 et 2026, avec l’introduction en France et en Allemagne de primes à l’achat dites « eco-scorés », en clair, assorties d’une préférence communautaire.

- Mais au-delà, il est difficile - voire illusoire - d’imaginer que le marché des véhicules électriques puisse continuer de se développer en Europe sans une forte présence de la Chine.

- Avec quinze ans d’avance technologique sur la concurrence, une stratégie commerciale résolument offensive et un contrôle très en amont de la filière des batteries - remontant jusqu’à l’extraction et le raffinage des minerais critiques - Pékin est, et restera, un acteur incontournable de la mobilité bas carbone.

- Pour le géant d’Asie, l’avenir sur le marché unique, bientôt protégé par une taxe carbone aux frontières, passera par des productions de plus en plus locales et des partenariats renforcés ; quoiqu’il en soit, l’électrification des transports étant une tendance de fond, l’horizon est loin d’être bouché pour l’automobile « made in China ».

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE