La croissance du PIB a atteint 0,5% t/t au 3e trimestre, bien plus que ce qui a été enregistré depuis près de 3 ans. Une surperformance, malgré la période d’incertitude politique qui s’est ouverte en juin 2024 ou l’atonie de la consommation des ménages.
Des éléments qui pèsent bel et bien, notamment sur la demande. Toutefois, la proportion des entreprises dont la production est limitée par un manque de demande, si elle a augmenté, n’est pas élevée d’un point de vue historique : elle était deux fois plus forte en 2013, alors que la croissance du PIB était voisine de celle de 2025. Et il y a aujourd’hui à peu près autant d’entreprises soumises à des contraintes de demande qu’à des contraintes d’offre. Ces dernières indiquent qu’elles ne peuvent produire davantage par manque de main d’œuvre ou de pièces.
Or, il suffit que des entreprises soumises à des contraintes d’offre parviennent à ouvrir de nouvelles lignes de production, pour que celle-ci rebondisse. C’est ce qui se passe aujourd’hui dans l’aéronautique. Ce secteur n’a pas pu retrouver le niveau de production atteint en 2019, malgré un carnet de commande bien rempli. Et le rebond s’est interrompu entre fin 2023 et juin 2025. Un rebond qui a repris : la production a été de près de 16% supérieure en moyenne sur juin -septembre 2025 à ce qui avait été observé sur les 18 mois précédents. Un phénomène qui a déjà contribué pour près de moitié à la croissance du PIB des 2e et 3e trimestres 2025.
En parallèle, la France bénéficie également d’une résilience des créations d’entreprises et du marché du travail. Là encore, la différence est nette avec une période où la croissance du PIB était du même ordre que celle d’aujourd’hui, à savoir 2012-15. A l’époque, les créations d’entreprises s’étaient érodées, depuis début 2025, elles ont augmenté. A l’époque, le taux de chômage avait augmenté de 2 points, aujourd’hui son augmentation est marginale, malgré le tassement récent de l’emploi.
Enfin, les taux d’intérêt ont diminué dans le secteur privé. Ceux octroyés par les banques ont bénéficié de la baisse du taux directeur de la BCE. Le taux swap, auquel les banques se financent, est corrélé avec ce taux directeur, davantage qu’avec le taux souverain français. Cette baisse des taux a permis un rebond de l’investissement : +1,2% sur les 4 derniers trimestres pour les entreprises non-financières.
En face d’une détérioration de la demande, qu’il convient de relativiser, mais qui est bien réelle, l’économie française est donc traversée par des évolutions plus positives. Ces dernières constituent un socle qui permet à la croissance de résister, et même de s’accélérer lorsqu’elles se manifestent le plus.