Emmanuel Laborde : Dernier sujet traité aujourd'hui : le ralentissement de la croissance chinoise avec des effets variés en fonction des pays sur la planète. Sur les pays avancés, on attend par exemple un effet plutôt négatif, même si la déflation en Chine devrait générer des gains de pouvoir d'achat. Et a contrario, sur les pays émergents, il faudra compter avec le canal des IDE qui pourrait bien changer la donne.
Nous allons détailler ces différentes situations avec toi, Christine. Bonjour.
Christine Peltier : Bonjour Emmanuel.
Emmanuel Laborde : On va détailler quelques-uns des différents canaux de transmission de ce ralentissement de l'économie chinoise au reste du monde. Le premier, c'est le canal des échanges extérieurs. Est-ce que tu peux nous le décrire précisément ?
Christine Peltier : Oui. Le canal de transmission le plus évident, en effet, c'est l'effet du ralentissement des importations chinoises, et en particulier des importations de matières premières. Ceci affecte les pays producteurs par l'effet combiné d'un affaiblissement de leurs exportations en volume et de la baisse des prix des matières premières exportées.
Emmanuel Laborde : Qui cela va-t-il concerner ?
Christine Peltier : Au sein des pays émergents, ce sont surtout les pays d'Amérique latine et l'Afrique du Sud qui devraient pâtir le plus de cette moindre demande en provenance de Chine.
Emmanuel Laborde : Autre canal très important, c'est le canal des prix. Puisque ce ralentissement de la croissance chinoise va renforcer la concurrence chinoise. Là encore, quelles conséquences et pour qui ?
Christine Peltier : Le ralentissement de la croissance chinoise s'accompagne d'un renforcement de la politique industrielle qui accroît la concurrence chinoise. Pour un pays donné, cette concurrence chinoise s'exerce à la fois sur son marché domestique et sur ses marchés à l'exportation, et cette concurrence est accrue par les pressions déflationnistes en Chine.
Emmanuel Laborde : Qui sera principalement concerné, donc ?
Christine Peltier : Avec la hausse des taxes douanières aux Etats-Unis et le processus de “decoupling” entre Chine et Etats-Unis, la zone euro devient sans doute le principal marché à l'exportation de la Chine.
Si on se concentre sur la zone euro comme marché tiers, et si on croise intensité de la concurrence chinoise sur le marché domestique et intensité de la concurrence chinoise sur la zone euro, alors ce sont sans surprise les pays d'Europe centrale et la Turquie qui sont les plus affectés.
Emmanuel Laborde : Et alors l’Asie ?
Christine Peltier : Les pays d'Asie, eux, sont davantage concurrencés sur leur propre marché domestique.
Emmanuel Laborde : Un ultime canal très important, celui des IDE. Ça fait partie de la stratégie chinoise. C'est important de revenir sur ce levier qui est très fortement activé par la Chine depuis plusieurs années.
Christine Peltier : Oui, les IDE sont une composante essentielle de la stratégie industrielle des entreprises chinoises. Depuis deux-trois ans, on observe une hausse importante des IDE chinois vers des pays afin de contourner des droits de douane ou de gagner un accès à des zones de libre-échange. Dans cette dynamique, ce sont les pays d'Asie du Sud-est, le Mexique, et la Hongrie qui sont parmi les principaux bénéficiaires. Donc finalement, pour certains pays émergents, et contrairement aux pays avancés, l'effet global ne sera pas forcément négatif.
Emmanuel Laborde : Des résultantes contrastées. D'où l'intérêt de s'arrêter précisément sur ce sujet. Merci beaucoup Christine. Merci à vous de nous avoir suivis, et pour approfondir chacun de ces sujets et bien d'autres, n'hésitez pas à vous rendre sur le site internet des Études Économiques. Vous y trouverez énormément de contenu en ligne.
Merci de votre fidélité, à bientôt.