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Afrique du Sud : les marchés réagissent positivement à la formation du nouveau gouvernement

19/06/2024
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Évolution du taux de change et des rendements sur les obligations d’État

Depuis 2022, les comptes extérieurs de l’Afrique du Sud se sont dégradés. Après deux années d’excédents exceptionnels en 2020 et 2021, la balance courante est redevenue déficitaire depuis le T2 2022, en raison de la normalisation des termes de l’échange et de la forte croissance des importations (32% du PIB en 2022-23). En parallèle, le compte financier n’a pas retrouvé sa dynamique prépandémique jusqu’à présent. Les flux nets d’investissement de portefeuille, qui avoisinaient les 3% de PIB en moyenne sur 2010-19, sont devenus négatifs depuis 2020, tandis que les entrées nettes d’investissement direct étranger (IDE) sont restées modestes (1,5% de PIB en moyenne sur 2020-231).
Le cycle de resserrement monétaire mondial entamé en mars 2022 est venu s’ajouter aux facteurs internes qui alimentaient des sorties de capitaux depuis 2020. La croissance économique atone (0,8% en moyenne sur les dix dernières années), la lenteur des réformes visant à la redresser et la forte hausse de la dette publique ont fortement pesé sur la confiance des investisseurs. La part des non-résidents parmi les détenteurs d’obligations d’État a chuté de manière continue de 38% en 2019 à 24,6% en avril 2024.
L’incertitude politique s’est réduite à la suite des élections générales du 29 mai dernier. Jusqu’à présent, les marchés financiers ont réagi positivement à la formation d’un gouvernement d’union nationale (GUN) composé de l’ANC, de l’Alliance démocratique (DA) et du Parti Inkatha de la Liberté (IFP). Depuis le 30 mai, le rendement moyen des obligations d’État à 10 ans a diminué de 4,2% et le rand sud-africain (ZAR) s’est apprécié de 4,1% contre le dollar. Il est ainsi repassé sous le seuil des ZAR 18/USD pour la première fois depuis le début de l’année.
Dans le GUN, la présence de la DA, un parti de centre-droit en faveur de la consolidation budgétaire et des réformes visant à redresser le potentiel de croissance économique, devrait permettre une certaine continuité macroéconomique. Toutefois, le risque d’instabilité politique reste élevé, tant l’alliance avec la DA, longtemps premier parti d’opposition et très critique de l’ANC, peut sembler fragile. Sans la majorité absolue de l’ANC au Parlement, l’Afrique du Sud est entrée dans une situation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 1994.

1 Exception faite de 2021, année où l’entreprise Prosus a racheté 45% de sa société-mère sud-africaine Naspers. Cela a entraîné une forte hausse des IDE, compensée par une sortie d’investissements de portefeuille du même ordre de grandeur.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE