2024 a notamment été marquée par des progrès supplémentaires sur le front de la désinflation aux États-Unis comme en zone euro. Des progrès suffisants pour ouvrir la voie aux baisses de taux. Alors c'est vrai que la Fed et la BCE n'ont pas tout à fait suivi le même calendrier et le même tempo, mais en cette fin d'année 2024, l'ampleur cumulée de leurs baisses de taux est identique, 100 points de base.
Alors ceci étant dit, cela suppose que la Fed procède bien à la dernière baisse attendue de 25 points de base lors du FOMC de décembre. 2025 pourrait toutefois être assez différente de 2024 du fait notamment des répercussions potentielles du programme économique de Donald Trump.
C'est vrai que ce qui sera effectivement décidé et dans quel timing demeure incertain, mais dans nos nouvelles prévisions de croissance, nous supposons une mise en œuvre quasi intégrale et étalée dans le temps. Dans ce contexte, nous nous attendons à un début de convergence des taux de croissance entre les États-Unis et la zone euro, mais à des trajectoires d'inflation divergentes et donc à une déconnexion des politiques monétaires.
Sur le plan de la croissance, la réduction de l'écart entre les États-Unis et la zone euro passerait surtout par la diminution anticipée de la croissance américaine. Alors c'est vrai que celle-ci resterait d'abord soutenue par l'optimisme post-élection pendant environ la première moitié de l'année 2025, avant de commencer à pâtir des effets inflationnistes des Trumponomics et de la politique monétaire plus restrictive qui devrait en découler.
Plus exactement, nous anticipons désormais un statu quo monétaire prolongé de la Fed tout au long de 2025. C'est vrai qu'elle ne se montrait déjà pas pressée à poursuivre ses baisses de taux, mais nous anticipons dorénavant qu'elle devra interrompre ses baisses de taux en 2025, n'ayant pas la possibilité de passer outre la remontée — même temporaire — de l'inflation tirée par les droits de douane.
En effet, la banque centrale américaine devrait se montrer plus sensible au risque d'un désancrage des anticipations d'inflation plutôt qu'aux risques baissiers sur la croissance américaine. Du côté de la zone euro, le renforcement attendu de la croissance devrait rester limité et contraint par un nombre accru de vents contraires par rapport aux facteurs de soutien existants.
En revanche, du côté de l'inflation, les perspectives demeurent favorables. Le retour à la cible d'inflation de 2% devrait être sécurisé en 2025, les pressions désinflationnistes l'emportant sur les facteurs haussiers. Le tout devrait permettre à la BCE de continuer à desserrer graduellement sa politique monétaire jusqu'à atteindre la neutralité en milieu d'année prochaine.
Quel message retenir de cette déconnexion anticipée entre la politique monétaire de la Fed et celle de la BCE ? Certes, cette déconnexion est pour partie le fruit d'une situation économique meilleure aux États-Unis, mais elle est aussi et surtout le résultat d'une inflation plus basse et sous contrôle dans la zone euro.
Un avantage non négligeable.
Merci de votre attention aujourd'hui. Nous vous souhaitons à toutes et à tous de très belles fêtes de fin d'année.