Emmanuel Laborde : Bonjour Isabelle.
Isabelle Mateos Y Lago : Bonjour Emmanuel.
Emmanuel Laborde : Alors nous avons trois minutes pour faire connaissance, ce qui est toujours un exercice délicat. Mettre beaucoup d'informations sur peu de temps. Il va falloir faire des choix. Première question très simple, qui êtes-vous ? Ou plutôt en trois points saillants, comment pouvez-vous résumer votre carrière professionnelle ?
Isabelle Mateos Y Lago : Premier point saillant, premier tournant en 1999, ce qui ne nous rajeunit pas. Je pars à Washington après un début de carrière assez classique à Bercy. Je pars pour servir auprès de l'administrateur français, au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. Et c'est une expérience qui me fait découvrir le regard de hauts fonctionnaires étrangers sur la France et surtout sur l'Europe. Et ça me fait prendre conscience de tout ce qui nous rassemble en Europe et que nous avons tendance à nous cacher à nous-mêmes quand on est sur le sol européen, tellement focalisé sur des différences et des divergences de surface. Et puis ça me fait prendre conscience aussi du fait que pour tous ces hauts fonctionnaires d'autres régions du monde, et bien l'Europe n'est en fait pas du tout au milieu de la carte, contrairement à ce qu'on pourrait croire.
Emmanuel Laborde: D'où l'intérêt d'avoir effectivement un regard extérieur. Après 1999, on s'arrête en 2015. Alors là, changement de secteur et changement géographique puisque des Etats-Unis vous arrivez en Angleterre.
Isabelle Mateos Y Lago : Alors là, le changement le plus important, c'est effectivement le passage dans le secteur privé. Moi, depuis presque toujours, j'avais le sentiment que pour servir l'intérêt général, il fallait travailler dans le secteur public. J'avais envie de servir l'intérêt général. Et en fait, petit à petit, je me suis rendu compte que c'est presque l'inverse et qu'une entreprise du secteur privé, si elle souhaite prospérer, se doit de répondre à un besoin du public le plus large possible. Et que si elle n'y parvient pas, eh bien elle dépérit et une autre lui succède. Et donc c'est assez sain comme processus en fait.
Emmanuel Laborde : Donc, après ces 25 années que vous venez de résumer dans le monde anglo-saxon, vous revenez en France avec quel ressenti ? « Qu'est-ce qu'on ressent quand on rentre chez soi ? »
Isabelle Mateos Y Lago : Oui, c'est très intéressant, ça reste un choc culturel, mais beaucoup plus facile à gérer que les précédents. Parce qu'en fait, je suis un peu comme un smartphone qui revient à ses paramètres initiaux quand on appuie sur les bons boutons. C'est-à-dire que tous les réflexes, tous les codes reviennent assez spontanément, avec l'avantage supplémentaire quand même que naturellement, je n'ai pas oublié les perspectives gagnées à l'étranger. Donc j'espère que ça va être un plus dans mes relations ici avec mes collègues et puis les clients de la banque.
Emmanuel Laborde: Vous venez donc d'arriver chez BNP Paribas, à la tête des Études Économiques, c'était le 3 septembre. Comment est-ce que vous appréhendez aujourd'hui cette mission ?
Isabelle Mateos Y Lago : Eh bien, après avoir beaucoup écouté mes collègues et puis les clients, ce qui me semble très clair, c'est que nous devons faire deux choses. La première, c'est d'offrir un éclairage à peu près continu aux dirigeants de tous les métiers de la banque, mais aussi à nos clients sur ce qui se passe dans l'économie, parce que c'est important pour leur prise de décision au quotidien, mais également, et peut être encore plus important, leur apporter un éclairage stratégique sur les tendances de fond qui affectent l'économie.
L'économie européenne en premier lieu, mais aussi comme l'économie européenne, est très ouverte, ce qui se passe dans les autres régions du monde qui est qui affecte les développements en Europe.
Emmanuel Laborde : Alors justement, restons sur l'actualité et sur les choix éditoriaux qui ont été faits pour cette vidéo que nous allons, que nous avons enregistré d'ailleurs, il faut préciser juste avant les élections américaines. Voilà pour la parenthèse.
Quel est selon vous, l'air du temps économique ? Et en conséquence de cela, quels sont les sujets qu'on va développer aujourd'hui ?
Isabelle Mateos Y Lago : On est dans une ère très compliquée où d'ailleurs l'économie passe au second plan par rapport à des préoccupations géopolitiques nouvelles, par rapport à des problématiques du type changement climatique ou vieillissement démographique qui sont hors de l'économie, mais qui ont un impact très important.
Beaucoup d'incertitudes. Mais au milieu de ces incertitudes, quand même, quelques sujets sur lesquels on a une conviction forte. Le premier, c'est la baisse des taux d'intérêt. On est à l'orée, nous semble-t-il, de manière à peu près certaine d'une phase de baisse des taux d'intérêt des banques centrales. Et puis deuxième sujet à forte conviction, le ralentissement tendanciel de l'économie chinoise, qui va aussi constituer un changement très important pour l'économie mondiale. Et c'est donc ces deux thèmes qu'on va revisiter dans les séquences à venir.
Emmanuel Laborde : Merci beaucoup Isabelle.
Isabelle Mateos Y Lago : Merci !
Emmanuel Laborde: Et nous débutons effectivement avec la baisse des taux et avec Hélène Baudchon.