Comment la BCE réagit-elle aux données économiques ?

20/06/2024

Au cours des dernières semaines, les orientations données par certains membres du Conseil des gouverneurs de la BCE se sont faites de plus en plus précises, indiquant que la réunion de juin acterait la première baisse de taux dans ce cycle. Dans ce contexte, il était nécessaire d’agir, en dépit de la hausse des dernières données sur l’inflation.

Transcription

Au cours des dernières semaines, les orientations données par certains membres du Conseil des gouverneurs de la BCE se sont faites de plus en plus précises, indiquant que la réunion de juin acterait la première baisse de taux dans ce cycle. Dans ce contexte, il était nécessaire d’agir, en dépit de la hausse des dernières données sur l’inflation. Par ailleurs, les équipes de la BCE ont revu à la hausse leurs prévisions d’inflation. Sans surprise, lors de la conférence de presse à l’issue de cette réunion, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné que cette décision ne faisait que « supprimer un certain degré de restriction », que la politique restait restrictive et que les décisions ultérieures seraient conditionnées par les données.
L’attention des ménages, des entreprises et des marchés financiers se porte désormais sur le calendrier et le rythme des nouvelles réductions du taux de dépôt.

Comment la BCE va-t-elle réagir aux nouvelles données ? Concrètement, quelle est sa fonction de réaction ? À plusieurs reprises au cours des derniers mois, les membres du Conseil des gouverneurs ont mis en avant trois facteurs essentiels : la force de la transmission monétaire, la dynamique sous-jacente récente de l’inflation et les perspectives d’inflation. Mais dans les faits, à quoi pouvons-nous nous attendre, sachant que les décisions de politique monétaire ont une composante prospective liée aux retards de transmission monétaire.
Un récent document de travail de la BCE sur le nouveau modèle de la Banque centrale à l’échelle de la zone fournit l’estimation d’une règle de taux d’intérêt qui, selon les auteurs, décrit assez bien la politique qui a été menée. Elle reflète donc, dans une certaine mesure, la fonction de réaction de la BCE qui est fondée sur les variables suivantes : écart entre l’inflation observée et l’inflation cible, variation de cet écart, écart de production, variation de l’écart de production et enfin hypothèse sur le taux neutre et l’objectif d’inflation. Il est important de noter que l’équation a également un coefficient d’inertie estimé, qui tient compte du fait que le taux directeur d’un trimestre donné dépendra largement de sa valeur au trimestre précédent.

Sur la base des paramètres estimés dans le document de travail et des prévisions d’inflation et de croissance figurant dans les prévisions de juin des équipes de la BCE, on peut estimer la trajectoire attendue du taux de dépôt. Comme le montre le graphique, une baisse progressive est prévue sur la base de nouveaux progrès en termes de désinflation. Cependant, ce déclin est très progressif en raison du haut degré d’inertie qui a été observé dans le passé et qui influence le coefficient estimé.

Il est évident que la projection d’inflation joue un rôle clé. La ligne bleue de ce graphique montre un scénario alternatif, l’inflation restant à 2,4% jusqu’à la fin de 2025 et chutant à 2,0% en 2026. De toute évidence, cela ralentirait le processus d’assouplissement.

Il est clair que ces projections ne doivent pas être considérées comme des prévisions. La politique restera dépendante des données et le Conseil des gouverneurs peut décider de baisser les taux plus rapidement que préconisé par le modèle. La valeur ajoutée réelle de ces projections est qu’elles mettent en lumière la sensibilité de la trajectoire du taux de dépôt aux différentes hypothèses économiques, en particulier l’inflation.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE