Alors que l’économie allemande continue de sous-performer et que la France se situe dans un entre-deux, les pays d’Europe du Sud sont devenus les sauveurs de la dynamique conjoncturelle en Zone euro. Comme on peut le voir sur le graphique, l’Espagne, la Grèce, le Portugal, et dans une moindre mesure, l’Italie, enregistrent en moyenne des taux de croissance supérieurs à ceux des autres pays européens depuis le rebond post-Covid. Quels sont les facteurs de cette surperformance ?
Les économies du Sud ont tout d’abord bénéficié d’un effet de rattrapage depuis les crises de 2008 et 2012. Durement touchés par ces dernières, tous ces pays ont, à l’exception de l’Italie, bénéficié d’aides de l’UE. Depuis, le Portugal et la Grèce ont récolté les fruits des mesures d’austérité, et le secteur immobilier espagnol s’est nettement redressé. Malgré l’exception grecque, ces pays ont tous retrouvé leur niveau de PIB pré-crise des dettes souveraines. De plus, le marché du travail s’est rétabli, même si le taux de chômage demeure à deux chiffres en Espagne.
Ensuite, le choc du Covid leur a permis de mieux se relever, la reprise de l’activité ayant été principalement portée par les services, notamment en raison du rebond du tourisme. Il n’est donc pas surprenant de voir ces pays surperformer, compte tenu du poids plus important de ce secteur dans leur PIB, comme on peut le voir sur le graphique.
A contrario, dans ces pays, l’industrie y est moins importante. En outre, ces économies ont globalement été moins impactées par la hausse des prix de l’énergie, et leur activité industrielle a aussi mieux résisté grâce à l’augmentation de leur production d’énergie renouvelable. Par ailleurs, les pays du sud ont bénéficié d’une attractivité renouvelée de flux intrants d’investissements directs étrangers. À titre d’exemple, l’Espagne a été, en 2023, le plus grand bénéficiaire au monde des projets de développement de nouvelles infrastructures dans le secteur des énergies renouvelables.
Certaines tendances structurelles laissent néanmoins penser que cette surperformance pourrait n’être que temporaire. En effet, la dépendance des pays du sud aux services, et notamment ceux à faible productivité, à faible niveau d’éducation, et à bas salaires, comme le tourisme et la construction, pèse sur les gains de productivité.
D’un autre côté, les pays du Sud sont les principaux bénéficiaires des fonds du plan de relance de l’UE. Ces derniers visent précisément à redresser la productivité, ainsi qu’à moderniser et diversifier ces économies, ce qui devrait, in fine, davantage soutenir leur trajectoire de croissance.