France — Allemagne : jamais deux sans trois ?

02/07/2024

Si l’expression jamais deux sans trois devait se vérifier, alors la France serait opposée à l’Allemagne pour la 3e fois d’affilée lors du championnat d’Europe de football et remporterait un 3e succès consécutif. Sur le terrain économique, depuis 5 ans, les performances françaises ont dépassé celles de l’Allemagne dans trois domaines importants : les créations d’emploi, la croissance de l’investissement et la transition vers les services. En conséquence, il n’est pas surprenant que la France ait généré un supplément de croissance de 0,5 point par an par rapport à son voisin d’outre-Rhin.

Transcription

Jamais deux sans trois en faveur de la France. Une expression dont on pourra vérifier la véracité lors de l'Euro organisé en Allemagne, si la France rencontrait de nouveau le pays organisateur et l'emportait une nouvelle fois, comme ce fut le cas en 2016 ou en 2021. Jamais deux sans trois, c'est vrai également sur le terrain économique. Entre 2005 et 2018, l'Allemagne a bénéficié d'une décennie de succès économique à la suite de réformes adoptées dans le pays, notamment les réformes Hartz qui lui ont permis de bénéficier pleinement de l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001 et de l'entrée dans l'Union européenne des pays d'Europe centrale.

L'Allemagne a créé 5,6 millions d'emplois sur cette période, c'est à dire 430 000 emplois par an, ce qui a conduit le pays vers le plein emploi. Mais depuis lors, cette dynamique s'est enrayée. Entre 2018 et 2023, l'Allemagne a créé 180 000 emplois par an. A l'inverse, la France avait créé 144 000 emplois par an entre 2005 et 2018, mais a créé 420 000 emplois par an entre 2018 et 2023.

Pas encore le plein emploi, mais une première étape dans cette direction. L'investissement est un deuxième domaine dans lequel la France a pris les devants lors de ces cinq dernières années. Sur cette période, l'investissement a progressé de 8,1 % en France, lorsqu'il a reculé de 1,8 % en Allemagne. Et c’est vrai, selon tous les types de secteurs, que ce soit les services marchands, les biens d'équipement ou la construction.

Et ceci fait le lien avec le troisième domaine dans lequel la France fait la course en tête : la transition vers les services. Les services constituent un avantage compétitif important pour la France, y compris à l'exportation. Et si on prend les mêmes dates que précédemment, la France fait effectivement la course en tête. La consommation de services des ménages a progressé de 10,7 %, l'investissement en services marchands a progressé de 21 % alors que dans le même temps, l'un et l'autre ont plutôt stagné en Allemagne.

In fine, rien de bien surprenant à ce que la France ait pu générer 0,5 point de croissance additionnelle par an sur la période.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE