Le maintien à un niveau élevé de l’inflation en glissement annuel et son momentum haussier continuent de peser négativement sur le moral des ménages aux États-Unis. En avril, la confiance des consommateurs, mesurée par le Conference Board, s’est repliée pour un troisième mois consécutif (97,0, -6,1pp), ce qui achève d’effacer les progrès de la fin d’année 2023. De même, l’enquête de l’Université du Michigan fait état d’un décrochage de son indice du sentiment du consommateur en mai, avec un résultat de 69,1 (-10,5), constituant un plus bas depuis novembre.
L’inflation, mesurée par l’IPC, a décéléré légèrement au mois d’avril, avec une variation mensuelle CVS de +0,3% m/m (-0,1pp). Ce résultat met un terme à quatre mois d’accélération et permet une diminution du glissement annuel à +3,4% (-0,1pp), offrant un début de répit après l’enchaînement de surprises négatives du premier trimestre. L’inflation sous-jacente décélère également à +3,6% a/a (-0,2pp).
Les créations nettes d’emplois salariés non-agricoles ont été moins importantes en avril (+175k), après un mois de mars particulièrement dynamique (+315k). Les emplois gouvernementaux expliquent près de la moitié de la baisse (-64k). Dans le même temps, le taux de chômage poursuit son lent mouvement de remontée (3,9%, +0,1pp), tandis que, à +3,9% a/a, la croissance des salaires est la plus faible depuis près de trois ans. L’enquête JOLTS de mars, avec un repli notable des postes vacants et des embauches, ajoute au tableau d’un marché de l’emploi toujours relativement dynamique mais en rééquilibrage.
Les enquêtes ISM du mois d’avril ont surpris défavorablement. L’indice manufacturier s’établit à 49,2 (-1,1pp), retournant en zone de contraction après son passage dans la zone d’expansion en mars pour la première fois depuis septembre 2022. De plus, le net ralentissement de la sous-composante Business Activity (50,9, -6,5pp) entraîne aussi en zone de contraction – pour la première fois depuis décembre 2022 – l’indice ISM du secteur non-manufacturier (49,4, -2,0pp). Néanmoins, si le T1 2024 a surpris négativement avec une avancée trimestrielle de +0,4% q/q, tirée vers le bas par les contributions négatives du commerce extérieur et des variations de stocks, le taux de croissance devrait accélérer à +0,6% t/t selon nos prévisions, l’estimation du GDPnow de la Fed d’Atlanta étant plus optimiste encore (+0,9% t/t).
La Réserve fédérale a décidé du maintien de sa cible de taux à 5,25% - 5,5% lors de la réunion de politique monétaire du 30 avril – 1er mai. Le regain inflationniste des derniers mois, illustré par un momentum d’inflation sous-jacente à +4,3% (3m/3m annualisé) en avril, a conduit à un report unanime des anticipations de baisses de taux. Ainsi, alors que Jerome Powell a évoqué le manque de progrès et la nécessité de maintenir la politique monétaire à un niveau restrictif, nous prévoyons une seule baisse de taux (-25 pb) en 2024, laquelle interviendrait au mois de décembre.
Achevé de rédiger le 27 mai 2024