La croissance économique nippone devrait bénéficier d’un rebond technique au 2e trimestre : nous attendons +0,5% t/t après la contraction du T1 (révisée à la baisse à -0,7% t/t). Les perspectives demeurent négatives – notamment pour la demande, en dépit des baisses d’impôts introduites en juin – alors que la dépense de consommation des ménages s’est contractée de -1,8% a/a en mai. Par ailleurs, si l’augmentation des salaires (hors bonus) atteint en mai un record depuis 1993 (+2,5% a/a), signe de la transmission croissante de la hausse des salaires négociés (+5,1% a/a selon le syndicat Rengo), les revenus réels ne progressent toujours pas (-1,4% a/a).
Les enquêtes mensuelles d’activité subissent un contrecoup en juin : à 50,0 (-0,4 point) pour le PMI manufacturier et à 49,4 (-4,4 point) pour le PMI des services, qui passe en zone de contraction pour la première fois depuis août 2022. Le PMI composite indique également une contraction (49,7, -2,9 points), avec des signaux contraires entre le prix des intrants (61,6, +1,2 point) et de la production (53,9, -1,6 point) suggérant une moindre capacité à répercuter la hausse des coûts de production sur les prix de vente. Quant à l’enquête trimestrielle Tankan de la Banque du Japon (BoJ), elle rapporte, au niveau agrégé (toutes industries et tailles d’entreprise), une stabilité du climat des affaires au second trimestre.
L’inflation sous-jacente (hors nourriture non-transformée) repart à la hausse en mai (+2,5% a/a, +0,3pp) – ce qui précèderait une nouvelle accélération probable si l’on en croit l’IPC sous-jacent de Tokyo en juin (+2,1% a/a, +0,2pp) – sur fond de retrait des mesures relatives aux prix de l’énergie. Si l’inflation énergétique bondit (+7,2% a/a, +7,1pp), le prix des services poursuit sa décélération (+1,6% a/a, -0,1pp). Par conséquent, la cause du rebond de l’inflation ne correspond pas au cercle vertueux de reflation revenus-consommation attendu par la BoJ pour poursuivre sa normalisation monétaire.
Alors que la prochaine réunion de la Banque centrale (30-31 juillet) donnera lieu à la présentation d’un plan détaillé sur la réduction du rythme d’achats d’obligations, le dernier Summary of Opinions de l’institution prépare à l’ajustement du degré d’assouplissement des conditions financières. À cet égard, nous anticipons un prochain mouvement (+0.15pp) en septembre sur l’uncollateralized overnight call rate, actuellement à +0.0% / +0.1%.
Achevé de rédiger le 12 juillet 2024 - Avec l'aide de Elisa Petit, stagiaire