La sous-performance de la croissance allemande sur ces dernières années s’est poursuivie en 2023. Toutefois, si elle n’est plus motrice, il semble que l’économie allemande bénéficie du rebond observé par ailleurs en zone euro et qui pourrait doper sa croissance dans les prochains trimestres. En témoigne, une relative bonne performance (0,2% t/t) au 1er trimestre, comme en zone euro (0,3% t/t). Le climat des affaires (IFO) souligne une amélioration, même si elle reste encore partielle, avec un indice à 89,3 en mai comme en avril, les deux meilleurs mois depuis mai 2023.
L’économie allemande est plus dépendante que ses partenaires européens de secteurs ayant subi des chocs et encore en sous-production. Mais ces secteurs présentent aussi un potentiel de rebond. Ainsi, la production de la chimie-pharmacie, très affectée par la hausse du coût de l’énergie, est inférieure de près de -7% sur février-mars 2024 à son niveau de mars 2022, mais en hausse de 7% par rapport à sa valeur moyenne en 2023. De plus, l’Allemagne reste une économie ouverte. Les exportations de biens et services représentent 50% de son PIB (32% en France) et le pays bénéficiera de fait du rebond de la croissance européenne. Alors que les exportations ont déjà tiré la croissance au 1er trimestre, les nouvelles commandes adressées à l’industrie soulignent que cela devrait continuer à être le cas : indice moyen de 93,6 sur les 6 derniers mois pour les commandes en provenance de la zone euro, contre 83,6 pour le marché domestique allemand (base 100 en 2021).
Si elle a encore manqué à l’appel au 1er trimestre, la demande intérieure devrait être soutenue par un marché du travail qui reste vigoureux (59 000 créations nettes d’emplois au 4e trimestre et 26 000 au 1er). Toutefois, malgré la désinflation observée ces derniers trimestres, ainsi que la perspective de baisses de taux par la BCE, l’amélioration de la confiance des ménages reste partielle (-20,9 en mai 2024, contre -24,2 en avril, mais toujours 13 points en deçà du niveau de mars 2022) et suggère que ce soutien devrait rester modéré. Ce qui confirme que l’Allemagne ne jouerait pas un rôle moteur dans l’amélioration de la croissance européenne (les exportations françaises vers l’Allemagne ont notamment continué de se contracter au 1er trimestre).
Achevé de rédiger le 29 mai 2024