L’estimation préliminaire de la croissance au premier trimestre n’a pas dissipé les doutes sur l’état de la demande intérieure au Royaume-Uni. Bien que l’inflation ait baissé, que les salaires réels et la confiance des ménages se soient améliorés, les consommateurs britanniques restent frileux. En hausse de seulement 0,2% t/t au T1, la consommation des ménages ne comble en effet qu’une petite partie de la contraction enregistrée les deux trimestres précédents (-1,0% en cumul). Par ailleurs, les ventes au détail ont encore surpris défavorablement en avril, accusant un repli en volume de 2,3% m/m, après une légère baisse en mars (-0,1% m/m).
Le PIB réel a toutefois progressé de 0,6% t/t au T1, soutenu par le solde extérieur. La dynamique de fond était malgré tout décevante puisque le volume des importations a baissé plus nettement que les exportations.
Il y a néanmoins quelques bonnes nouvelles : toutes les composantes de l’investissement ont progressé au T1. En particulier, l’investissement résidentiel a rebondi de 4,2% t/t, stoppant ainsi cinq trimestres consécutifs de contraction. Ce redressement de l’investissement dans le marché immobilier résidentiel britannique est assez bien corroboré par les enquêtes de confiance des notaires, elles aussi en nette amélioration depuis l’été dernier : en avril, l’indice RICS relatif aux nouvelles instructions de vente a grimpé à son meilleur niveau en trois ans et demi. De plus, l’activité manufacturière remonte un peu la pente, avec un indice PMI qui est repassé au-dessus du seuil d’expansion en mai (+2,2 points, à 51,3, meilleur niveau depuis juillet 2022). L’indice dans les services s’est néanmoins replié (-2,1 points, à 52,9).
L’inflation a continué de refluer et la frange dovish de la Banque d’Angleterre de pousser à une première baisse rapide des taux directeurs. Lors de la dernière réunion du Comité de politique monétaire, qui s’est tenue le 9 mai, deux membres – Swati Dhingra et Dave Ramsden – se sont en effet exprimés en faveur d’une baisse de 25 points de base. Notre prévision pour une première baisse du taux directeur a néanmoins été repoussée de juin à août. Si l’inflation totale et sous-jacente ont poursuivi leur décrue en avril – passant respectivement de 3,2% à 2,3% et de 4,2% à 3,9% a/a – l’atterrissage vers la cible des 2% reste incertain à court terme. La dynamique des prix dans les services reste soutenue : l’inflation décélère peu (5,9%), et la mesure instantanée (3m/3m annualisé) a rebondi de 4,5% en mars à 5,3% en avril.
Le Royaume-Uni devrait ainsi enregistrer une croissance atone en 2024, marquée par un ralentissement de l’activité à 0,2% au T2, qui serait suivi d’une stabilisation sur ce rythme ou proche de celui-ci au second semestre.
Achevé de rédiger le 28 mai 2024