Eco Perspectives

Pays-Bas | Rebond de l’économie néerlandaise au deuxième trimestre

08/10/2024
PDF

L’économie néerlandaise a évité de retomber en récession au deuxième trimestre, grâce à un recul moins important des exportations et à des dépenses publiques solides, comme l’avait promis le nouveau gouvernement. Néanmoins, l’inflation est plus forte que prévu et devra être surveillée, car elle pourrait devenir un frein à la consommation privée. Les perspectives restent bonnes, mais les investissements doivent poursuivre leur redressement pour compenser les pénuries de main-d’œuvre persistantes.

CROISSANCE ET INFLATION

La croissance néerlandaise a été fortement revue à la baisse au premier trimestre, à -0,3 % en variation trimestrielle et -0,7 % en glissement annuel, en raison d’un important ajustement à la baisse des exportations de biens en volume, qui reflète notamment la faiblesse de l’Allemagne.

Cette révision à la baisse de la croissance du PIB au 1er trimestre a entraîné dans son sillage les prévisions pour l’ensemble de 2024 (abaissées de 0,8 % à 0,6 %), même si la vision économique globale ne s’est pas dégradée. La croissance néerlandaise devrait rester proche de 1,3 % en 2025.

Le deuxième trimestre s’est révélé nettement meilleur que le premier, grâce au redressement des exportations et à des dépenses publiques dynamiques, comme promis par le nouveau gouvernement. Le PIB a progressé de 1 % en variation trimestrielle, ce qui se traduit par une croissance de 0,6 % en glissement annuel, en phase avec la croissance de la zone euro. Bien que la consommation privée ait été un facteur de soutien au cours des derniers trimestres, essentiellement parce que la progression des salaires a été forte et que le marché du travail est très tendu, la situation pourrait s’aggraver si l’inflation ne reflue pas dans un futur proche.

La mauvaise surprise de l’inflation

Une inflation élevée persistante pourrait en effet peser sur le dynamisme de la consommation des ménages, tandis que plusieurs pays d’Europe s’inquiètent au contraire de l’absence d’effets positifs de la baisse de l’inflation sur la consommation. Depuis mai, l’inflation aux Pays-Bas a regagné en vigueur pour atteindre 3,3 % en glissement annuel en août (+ 0,7 pp). La situation s’est détériorée plus encore du côté de l’inflation sous-jacente, en hausse de 1 pp depuis mai, à 3,5 % a/a en août. L’augmentation des loyers et des prix alimentaires explique cette évolution négative. Cette remontée inattendue de l’inflation a conduit le Bureau central du Plan à revoir à la hausse ses prévisions d’inflation, à 3,6 % et 3,2 % pour cette année et la prochaine.

Des perspectives de croissance toujours positives

Personne ne semble s’attendre à une forte détérioration des perspectives économiques, le marché du travail restant favorable, avec un taux de chômage de 3,5 % en juillet et de nombreux postes vacants (voir graphique). D’après une étude approfondie du Bureau central de la statistique des Pays-Bas, environ la moitié des chômeurs est encore en formation et beaucoup d’entre eux recherchent un emploi à temps partiel. Sans surprise, plus d’un tiers des employeurs citent la pénurie de main-d’œuvre comme principal frein à la croissance.

Cette situation positive du marché de l’emploi explique certainement la bonne tenue des indicateurs de confiance des consommateurs, qui, combinés au faible taux de chômage, continuent de peindre l’image d’une économie robuste.

Un point devrait toutefois attirer notre attention : au cours des trimestres écoulés, en glissement annuel, les exportations n’ont eu de cesse de baisser, reflétant un contexte international défavorable. Les importations de biens et de services ont beaucoup moins reculé en glissement annuel au deuxième trimestre, ce qui a entraîné une forte diminution de l’excédent commercial, qui reste toutefois toujours largement positif (près de EUR 11 mds en juillet). La faiblesse persistante des exportations est une source de préoccupation, car une baisse potentielle de la demande étrangère de biens néerlandais pourrait finir par affaiblir l’activité économique nationale.

Les investissements doivent se renforcer

La production industrielle a de nouveau reculé en juillet, marquant ainsi une année complète de baisse des volumes. Ces mauvaises performances sont probablement dues à l’impact retardé de la hausse des prix de l’énergie et au contexte international défavorable, mais aussi aux pénuries de main-d’œuvre actuelles, comme le rapportent de nombreuses entreprises. Dans ce contexte, il sera essentiel que les investissements restent suffisamment importants pour contrebalancer les pénuries de main-d’œuvre si le pays veut conserver une base économique solide. Les investissements des entreprises ont clairement été affectés par les taux d’intérêt élevés de 2023. Une baisse prolongée des investissements des entreprises rendrait plus difficile la tâche de relever ces défis et pourrait freiner la croissance future.

Une forte reprise dans le secteur résidentiel

Pour finir, le marché immobilier a continué de se redresser à un rythme que peu avaient anticipé. Après une baisse de plus de 5 % en 2023, alors que la BCE resserrait les conditions monétaires pour lutter contre l’inflation, les prix sont de nouveau en hausse. En juillet, elle a atteint 10,7 % sur un an, ce qui en fait l’une des plus fortes reprises au monde. Cette progression importante des prix illustre une fois de plus le problème de la forte densité du marché immobilier auquel les Pays-Bas sont confrontés.

Achevé de rédiger le 24 septembre 2024

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
Éditorial | Il est temps d’ajuster la politique budgétaire

Éditorial | Il est temps d’ajuster la politique budgétaire

En miroir de la déclaration, et du passage à l'acte, de Jerome Powell selon lesquels il est temps d'ajuster (c'est-à-dire d'assouplir) la politique monétaire, il est également temps d'ajuster la politique budgétaire en Europe et aux États-Unis, dans le sens d’un durcissement dans les deux cas. Le moment est favorable, sur fond de détente monétaire, de baisse de l’inflation et de croissance économique positive. Plus encore que le desserrement monétaire, cette consolidation budgétaire devra être progressive pour ne pas trop peser sur la croissance. Et à l’image des banques centrales qui se sont montrées déterminées dans leur réponse au choc inflationniste, les gouvernements devront faire preuve de détermination et de persévérance dans les efforts à venir de consolidation budgétaire, tant ceux-ci sont nécessaires et importants. [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
États-Unis | L’héritage de Powell

États-Unis | L’héritage de Powell

La Réserve fédérale (Fed), a décidé, le 18 septembre, de réduire sa cible de taux à +4.75% - +5.0% (-50 pb), initiant une détente des taux destinée à se poursuivre lors des prochaines réunions du FOMC [...]

LIRE L'ARTICLE
Chine
Chine | Nouvelle impulsion

Chine | Nouvelle impulsion

En Chine, les données d’activité des dernières semaines ont été assez mauvaises pour avoir sur les autorités l’effet d’un électrochoc [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Japon | Le calme après la tempête

Japon | Le calme après la tempête

La Banque du Japon poursuit son entreprise de resserrement monétaire de façon incrémentale et précautionneuse, avec une seule hausse de taux directeur au troisième trimestre, qui doit précéder un nouveau mouvement attendu en décembre, alors que la décision de juillet n’a pas été sans contribuer à une forte volatilité sur les marchés financiers. Dans le même temps, l’économie récupère d’un début d’année mouvementé et l’inflation se maintient au-dessus de la cible de 2%. Enfin, le pays a changé de Premier ministre et de nouvelles élections législatives anticipées sont désormais prévues pour le 27 octobre. [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
Zone euro | Résistante, mais jusqu’à quel point ?

Zone euro | Résistante, mais jusqu’à quel point ?

La croissance en zone euro devrait se stabiliser à 0,3% t/t au cours du second semestre 2024, avant une légère accélération en 2025 soutenue par le cycle de baisse des taux d’intérêt [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Allemagne | Au cœur d’une nouvelle récession industrielle

Allemagne | Au cœur d’une nouvelle récession industrielle

Alors qu’en début d’année, des signes de rebond de la croissance allemande étaient apparus, la récession industrielle a finalement repris, avec un impact négatif sur le marché du travail désormais perceptible, puisque le taux de chômage remonte [...]

LIRE L'ARTICLE
France
France | Les services soutiennent la croissance

France | Les services soutiennent la croissance

L’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont entraîné un atterrissage de l’ensemble de la demande intérieure privée (ménages et entreprises), sans empêcher la croissance française de se maintenir sur un rythme modéré (1,1% en 2023, 1,2% en 2024 selon nos estimations), à la faveur d’une baisse des importations et donc d’une contribution positive du commerce extérieur. La croissance a également été soutenue par la production de services (l’investissement des entreprises en information et communication devrait même passer sous peu devant la pierre). Ce support devrait continuer de soutenir une croissance au global stable en 2025, à 1,2%. [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Italie | Une croissance stable mais modérée

Italie | Une croissance stable mais modérée

La reprise de l’économie italienne se poursuit, mais à un rythme modéré. Au T2 2024, soutenu par la demande intérieure, le PIB réel a progressé de 0,2 % t/t, tandis que la contribution du commerce extérieur a été négative [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Espagne | Des perspectives toujours optimistes

Espagne | Des perspectives toujours optimistes

Pour la quatrième année consécutive, l’Espagne restera le principal moteur de croissance en zone euro [...]

LIRE L'ARTICLE
Belgique
Belgique | Pas d’éclaircie en vue pour le secteur manufacturier belge

Belgique | Pas d’éclaircie en vue pour le secteur manufacturier belge

Nos prévisions pour le troisième trimestre qui est en cours affichent une croissance belge légèrement inférieure à son rythme tendanciel [...]

LIRE L'ARTICLE
Royaume-Uni
Royaume-Uni | Trouver un juste équilibre entre croissance et consolidation budgétaire

Royaume-Uni | Trouver un juste équilibre entre croissance et consolidation budgétaire

La présentation du budget le 30 octobre constituera le premier véritable test pour Rachel Reeves [...]

LIRE L'ARTICLE
Suisse
Suisse | De plus en plus proche du taux neutre

Suisse | De plus en plus proche du taux neutre

Au deuxième semestre 2024, la croissance helvétique devrait légèrement se modérer (0,3% t/t au T3 et 0,2% t/t au T4 d’après nos prévisions) [...]

LIRE L'ARTICLE
Australie
Australie | Une activité toujours contrainte

Australie | Une activité toujours contrainte

La croissance australienne subit une indiscutable baisse de régime, à mettre en relation avec le prolongement pour les ménages des contraintes liées à la hausse des prix et des taux d’intérêt, ainsi qu’avec le ralentissement de la demande en provenance de ses partenaires commerciaux asiatiques. La rigidité de l’inflation constitue pour l’heure un obstacle à l’initiation d’une détente des taux. Par ailleurs, l’afflux migratoire supporte un marché du travail toujours dynamique. [...]

LIRE L'ARTICLE