Si un doute pouvait éventuellement encore persister, les dernières déclarations de Philip Lane permettront a priori, d’entériner une première baisse des taux directeurs de la BCE lors de la prochaine réunion de politique monétaire du 6 juin.[1] L’évolution actuelle de l’inflation en zone euro permet en effet à la BCE d’amorcer une détente monétaire, bien que de nouvelles pressions à la hausse semblent émerger. L’inflation a reflué, à la marge, en avril, de 2,43% à 2,37% a/a, tandis que l’inflation sous-jacente a reculé plus franchement de 2,95% à 2,66%. Le retour probable d’une contribution positive de la composante énergie en mai (après douze mois en territoire négatif), un momentum haussier des prix dans les services (leur variation 3m/3m annualisée est repassée au-dessus des 5%) et une croissance annuelle des salaires négociés qui remonte au T1 (4,7%) devraient venir freiner l’atterrissage de l’inflation vers les 2% cette année.
Même si les résultats divergeaient quelque peu en avril, les enquêtes de confiance dans l’industrie restent pessimistes. Le PMI manufacturier est remonté de 1,7 point à 47,4, grâce à une amélioration assez sensible des indices afférant à la production (+2,3 pts, à 49,6) et aux nouvelles commandes (+3,4 points, à 47,5). Cela a permis au passage de tirer l’indice PMI composite vers le haut (+0,6 point, à 52,3), alors que l’indicateur dans les services est resté stable à 53,3. À l’inverse, l’indice du climat des affaires dans l’industrie, mesuré par la Commission européenne, a atteint son plus bas niveau depuis juillet 2020, le pire résultat donc depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. La confiance des ménages en zone euro continue néanmoins de s’améliorer, notamment grâce à une hausse des intentions d’achat de biens durables.
Les difficultés du secteur industriel n’enrayent pas, pour l’instant, la bonne dynamique du marché du travail en zone euro. Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 94 000 en mars, vers son plus bas niveau jamais enregistré en 25 ans d’existence du bloc monétaire. Le taux de chômage est resté stable à 6,5%. Les premiers résultats qui se dégagent à l’échelle nationale pour le mois d’avril (baisse du chômage en France et en Espagne, légère remontée en Allemagne) restent positifs, au vu du contexte actuel.
Notre Nowcast indique par ailleurs un renforcement de l’activité au T2 par rapport au T1, avec une estimation de la croissance de 0,4% t/t après +0,3% t/t au T1 quand notre propre prévision table sur un maintien du rythme du T1. Nous nous attendons toujours à une croissance de 0,8% sur l’ensemble de l’année 2024, une progression limitée par un acquis de croissance nul.
Achevé de rédiger le 28 mai 2024