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Zone euro : vers une épargne durablement plus élevée

11/09/2024
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Le taux d’épargne des ménages français a encore augmenté, passant de 17,6% de leur revenu disponible brut (RDB) au 1er trimestre 2024 à 17,9% au 2e trimestre 2024 selon l’Insee, soit 1 point de plus en un an. Un signal précurseur d’une tendance à la hausse en cours également dans la zone euro. Si les chiffres pour le T2 ne sont pas encore disponibles, ceux du T1 ont souligné un taux d’épargne supérieur de 3 points (à 15,4%) à son niveau d’avant-Covid.

Taux d’épargne en % du revenu disponible brut

De fait, la meilleure orientation du pouvoir d’achat des ménages - la croissance des salaires étant repassée devant l’inflation dans une majorité de pays - n’a conduit, pour l’heure, qu’à une amélioration très limitée de la confiance des ménages sans freiner un désir d’épargne toujours important.

L’épargne des ménages se décompose en deux éléments. Le premier, l’investissement dans le logement, n’est pas bien orienté, notamment en raison de son repli en Allemagne et en France. C’est donc le second élément, l’épargne financière, qui a progressé. La proportion que représente cette dernière s’est ainsi approchée, au 1er trimestre 2024, de la moitié de l’épargne totale, tant en Allemagne qu’en France, un fait inédit.

Si les ménages ont une épargne financière plus élevée, c’est également parce qu’ils consomment moins de biens qu’en 2019. Par exemple, en France, la consommation de biens est passée de 36,7% du RDB au T4 2019 à 34,1% au T2 2024, tandis que la consommation de services n’augmentait que de 47,4% à 48% du RDB dans le même temps, le reliquat étant épargné.

Il est possible que la diminution de la place accordée à la consommation de biens dans le RDB des ménages se révèle in fine en partie structurelle, ce qui expliquerait que la consommation des ménages ne rebondisse pas malgré le reflux de l’inflation, avec comme principaux postes d’économies structurelles, le non-alimentaire (textile, droguerie, parfumerie, hygiène), l’automobile ou l’alimentaire.

Il apparaît aussi que les ménages aient de nouveaux motifs d’épargne avec notamment l’adaptation au changement climatique. Pour les ménages, la transition que cela suppose se traduit par la prolongation de la durée de vie de leurs équipements (dont l’automobile) et donc par une moindre consommation, tandis qu’une épargne plus élevée leur permettrait d’anticiper un coût de remplacement à terme plus important.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE