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Zone euro : stimulée par la baisse des taux, la production nouvelle de crédits aux ménages et aux entreprises a continué de progresser en janvier 2025

07/03/2025
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La production nouvelle de crédits bancaires (hors renégociations) aux ménages[1] et aux sociétés non financières (SNF) de la zone euro a poursuivi en janvier 2025 son accélération sur fond de baisse des taux d’intérêt[2]. En cumul annuel, les nouveaux crédits[3] au secteur privé non financier (SPNF) ont augmenté de 8,6% sur un an, après 7,4% en décembre 2024, pour s’établir à EUR 3 437 mds.

ZONE EURO : LA PRODUCTION NOUVELLE DE CRÉDITS BANCAIRES
POURSUIT SON REDRESSEMENT*

Il s’agit du cinquième mois consécutif de hausse après seize baisses entre mai 2023 et août 2024. L’augmentation de la production nouvelle a été largement portée par les crédits à l’habitat aux ménages, dont le glissement annuel s’établissait à 15,7% en janvier 2025 (contre 7,9% pour les crédits à la consommation et autres prêts aux ménages, et 7,2% pour les crédits aux SNF). Le glissement annuel élevé des nouveaux crédits à l’habitat relève notamment d’un effet de base favorable. En effet, ceux-ci s’étaient repliés de 33,2% un an auparavant et ils se rapprochent désormais de leur niveau historique. La France et la Croatie sont les deux seuls pays de la zone euro[4] où le redressement de la production mensuelle de crédits à l’habitat n’a pas encore suffi à enrayer la baisse en cumul annuel (respectivement, -8,3% et -4,3% en janvier 2025).

La baisse des taux d’intérêt a soutenu la demande de crédits de l’ensemble du SPNF de la zone euro[5]. Cela a été plus particulièrement le cas des crédits à l’habitat aux ménages qui ont sans doute bénéficié d’un effet de rattrapage. Pour mémoire, la hausse du taux moyen des nouveaux crédits à l’habitat des ménages de la zone euro[6], de 1,29% en décembre 2021 à 4,14% à son pic en novembre 2023, avait eu un effet particulièrement restrictif sur la demande des ménages (conformément à l’objectif de la politique monétaire poursuivi alors par la BCE). À l’inverse, il s’est replié (de 60 points de base entre janvier 2024 et janvier 2025) pour s’établir, en moyenne, à 3,36%. L’impact de la baisse des taux est nettement moins marqué pour les crédits à la consommation aux ménages et les crédits aux SNF, ces derniers étant traditionnellement davantage déterminés par les perspectives économiques (plus ou moins propices aux projets financés) que par les taux d’intérêt.

Les banques de la zone euro interrogées entre le 10 décembre 2024 et le 7 janvier 2025, dans le cadre de la Bank Lending Survey, anticipaient une demande de crédits un peu moins dynamique au premier trimestre 2025, mais toujours en légère augmentation et soutenue par les ménages. Ces évolutions anticipées sont cohérentes avec la stabilité de l’activité suggérée par le niveau de l’indice PMI composite de la zone euro, stable à 50,2 en février 2025. De son côté, l’indice de confiance des consommateurs, publié par la Commission européenne, s’est redressé légèrement en début d’année (-13,6 en février 2025 après -14,2 en janvier 2025).

Le contexte géopolitique international est un facteur de risque qui pèse sur notre scénario de stabilisation de l’activité. Ses effets potentiels pourraient notamment transiter par les taux à long terme et les crédits bancaires. En raison de la nature durable de leurs facteurs explicatifs (hausse des émissions obligataires pour financer la défense), des tensions sur les rendements obligataires enregistrées en début de semaine, dans la foulée de celles sur le Bund, pourraient persister et remettre en cause la baisse des taux fixes des prêts à l’habitat, qui a été jusqu’à présent le principal moteur de la reprise de la demande.


[1] Et institutions sans but lucratif au service des ménages.

[2] La baisse du taux d’intérêt des crédits aux ménages du mois de décembre, suivie d’une légère hausse en janvier, est relativement saisonnière.

[3] Hors découverts, crédits renouvelables, facilités de remboursement et prorogations sur cartes de crédit

[4] Pour lesquels suffisamment de données sont disponibles.

[5] BCE, 2025, Bank lending survey – January 2025.

[6] Moyenne des taux contractuels annualisés/taux effectifs au sens étroit longs et courts, pondérée par les montants de production nouvelle.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE