Après un rebond à +1,5% en rythme trimestriel au T1 2024, la croissance économique chinoise a ralenti à +0,7% t/t. Elle s’est établie à +5% en glissement annuel sur la première moitié de l’année. L’objectif de croissance de « 5% environ » fixé par Pékin pour 2024 reste atteignable.
Les indicateurs conjoncturels pour le mois de juin et pour le second trimestre 2024 témoignent de trajectoires nettement divergentes des différentes composantes de la croissance. D’une part, l’activité du secteur manufacturier est restée dynamique, portée par les exportations de marchandises (+8,6% en g.a. en valeur en juin, et +5,9% en moyenne au T2 2024). D’autre part, l’activité du secteur tertiaire et la demande intérieure manquent de vigueur. Depuis le début de l’année, la croissance dans les services a ralenti (de +5,5% en g.a. en moyenne au T1 à +4,3% au T2) et est restée inférieure à la croissance de la production industrielle. Celle-ci a légèrement décéléré, passant de +6,1% en g.a. en moyenne au T1 à +5,9% au T2.
La crise du secteur immobilier continue de peser sur le moral des ménages chinois et de brider la demande intérieure. L’investissement dans le secteur immobilier a poursuivi sa chute (-10% en g.a. en valeur au S1 2024), et la baisse des prix immobiliers s’est aggravée (-7,9% en g.a. en moyenne en juin 2024 pour les logements anciens dans les 70 principales villes, contre -4,1% en décembre 2023). Les volumes de ventes de logements ont continué de se contracter au T2 2024 (-14,7% en g.a.). Cette baisse est moins forte qu’au T1 2024, mais les possibles (légers) effets des mesures de relance mises en œuvre depuis le mois de mai restent toutefois à confirmer.
Les ventes au détail sont restées déprimées depuis le début de l’année et leur croissance a même étonnamment ralenti au mois de juin 2024 (atteignant +1,8% en g.a. en volume en juin et +2,4% en moyenne au T2 2024). Conséquence de la faiblesse de la demande intérieure et du déséquilibre entre offre et demande, l’inflation est toujours très faible. En juin, l’indice des prix à la consommation a augmenté de seulement +0,2% en g.a., et l’indice des prix à la production était en baisse (-0,8% en g.a.) pour le 21ème mois consécutif.
La croissance du revenu disponible moyen des ménages chinois a ralenti au cours des derniers mois : elle a atteint +5,3% en g.a. en termes réels au S2 2024, contre +6,2% au T1 2024 et +6,1% sur l’ensemble de 2023. Ceci s’explique essentiellement par le ralentissement de la hausse nominale des traitements et salaires. De fait, même si le taux de chômage dans les zones urbaines s’est stabilisé à 5% au T2 2024 (soit son niveau moyen en 2018-2019), le marché du travail n’a pas retrouvé sa dynamique d’avant-Covid, et reste fortement pénalisé par la faiblesse de la croissance des secteurs de services.
Malgré une demande des ménages en berne et des divergences sectorielles importantes, les autorités ont réaffirmé ces derniers jours, à l’issue du troisième plénum du Comité central du Parti communiste, leur objectif de renforcer la politique industrielle. Celle-ci vise à stimuler l’activité économique ainsi qu’à assurer la souveraineté technologique et la « sécurité nationale ». De nouvelles mesures de soutien à la demande sont toutefois également attendues à court terme, en réponse à la performance décevante de la croissance au second trimestre. La banque centrale vient d’ailleurs d’abaisser ses taux directeurs.