L’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis fait craindre le renforcement des mesures protectionnistes. Des droits de douane seraient appliqués à l’ensemble des produits importés quelle qu’en soit la provenance. Outre la Chine, principal pays visé, les inquiétudes autour des conséquences macro-économiques et financières d’une telle politique ont singulièrement augmenté au Mexique.
En effet, le Mexique est désormais le premier partenaire commercial des États-Unis (15% des importations) devant la Chine (13%). Sa part de marché dans les importations totales américaines a progressé au cours des dix dernières années avec l’introduction de tarifs douaniers américains sur les produits chinois en 2018 (lors du 1er mandat Trump), puis le raccourcissement des chaînes de valeur consécutif à la pandémie de Covid-19.
Les exportations mexicaines à destination des États-Unis (près de 85% du total, soit près de 30% du PIB) se sont diversifiées et leur part dans les chaînes de valeur connectées aux États-Unis a augmenté. La part de la valeur ajoutée mexicaine dans les exportations reste pourtant encore relativement faible (autour de 11% d’après la base de données Comtrade) et très en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE (22%).
C’est dans ce contexte que vont prochainement s’ouvrir les négociations pour la révision du traité commercial UMSCA qui lie les États-Unis, le Mexique et le Canada, en vigueur depuis juillet 2020, et dont la révision est prévue pour la mi-2026. Les pressions de la future administration Trump sur le gouvernement mexicain sont déjà nombreuses. Les principales exigences portent sur le renforcement de la politique anti-immigration, un strict encadrement des importations de biens comprenant des intrants chinois et le contrôle des investissements chinois au Mexique (bien que ceux-ci restent modestes, avec moins de 2% des IDE totaux). La protection qu’offre le traité contre une hausse unilatérale des tarifs douaniers pourrait même être remise en cause par la réforme du système judiciaire mexicain en cours. Si cette dernière est effectivement appliquée, l’indépendance de la justice pourrait ne plus être garantie, ce qui représenterait une clause d’exclusion du traité commercial.
Il n’est pas possible pour l’instant de déterminer quelle stratégie sera retenue par le futur gouvernement Trump. Une dénonciation de l’accord commercial nous semble cependant très peu probable compte tenu de la forte intégration des deux économies. Bien que le rapport de force soit toujours en faveur des États-Unis, une réduction drastique des échanges commerciaux avec le Mexique pénaliserait les deux économies, surtout dans un contexte d’intensification des représailles commerciales vis-à-vis de la Chine (ou des autres pays émergents liés à la Chine). L’économie mexicaine serait toutefois plus durement touchée à court terme, en particulier via la dépréciation du change, l’inflation importée et la baisse des transferts de travailleurs étrangers.