Bonjour Guillaume,
Bonjour Claire,
Vous êtes économiste au sein de l’équipe OCDE des Études Économiques du groupe BNP Paribas et dans cet Audiobrief vous allez nous parler de la balance commerciale de l’Union européenne.
Alors première question : quelles sont les évolutions récentes ?
La balance commerciale de l’Union européenne avec le reste du monde s’est nettement redressée en 2023. Soulignons-le : ce rebond était assez prévisible. Il fait suite à deux années 2021 et 2022 marquées, on le sait, par l’envolée des prix de l’énergie. Parce que les européens importent en grande quantité des hydrocarbures, la crise énergétique avait conduit à une détérioration sans précédent du solde commercial de l’UE avec le reste du monde, qui avait atteint un déficit de près de EUR 440 mds en 2022 ; c’est un chiffre équivalent à un peu moins de 3% du PIB de l’UE. En 2023, les prix énergétiques ont baissé et la balance énergétique s’est logiquement redressée. L’UE a même retrouvé un solde commercial global excédentaire, une situation qui prévalait avant la crise sanitaire.
En plus du repli des prix énergétiques qui a joué favorablement sur les termes de l’échange, il faut ajouter un effet volume, puisque la quantité des importations a baissé plus fortement que les exportations. Cela traduit en partie une certaine atonie de la demande intérieure au sein du Vieux Continent mais il ne faut pas oublier les efforts de sobriété énergétique qui ont été réalisés par les pays membres de l’UE. Cela s’est traduit par une baisse de la consommation en électricité de l’ordre de 3% en 2023 par rapport à 2022.
Voilà pour la situation générale, si on rentre un peu dans le détail, quels sont les secteurs qui tirent le plus la balance commerciale de l’UE et à l’inverse quels sont ceux qui la pénalise le plus ?
L’excédent commercial de l’UE est tiré par deux grands secteurs : l’automobile et l’industrie pharmaceutique. Pour donner un chiffre, ces deux secteurs représentaient plus du tiers de l’excédent commercial total de l’union européenne en 2023. A l’inverse, et hormis, l’énergie qui représente de loin le poste déficitaire le plus important, l’Union, européenne enregistre un large déficit sur plusieurs postes en machines et équipements tels que les biens de télécommunication (principalement la téléphonie), les circuits intégrés ou encore les ordinateurs.
Aujourd’hui on parle beaucoup du secteur automobile, qui est confrontée à la concurrence chinoise, est ce que ça se traduit dans les chiffres de la balance commerciale ?
Oui on a observé en 2023 une nouvelle baisse importante de l’excédent commercial de l’UE avec la Chine précisément sur le secteur automobile. C’est une tendance qui s’observait déjà en 2022. L’entrée des constructeurs chinois sur le marché européen est relativement récente, mais la vitesse de pénétration au cours des dernières années est spectaculaire puisque les importations de véhicules chinois dans l’Union européenne ont triplé en l’espace de quatre ans. Comme je l’ai dit, cela s’est traduit par une baisse de l’excédent bilatéral de l’UE vis-à-vis de la Chine sur ce segment, qui a été divisé par trois entre 2019 et 2023, pour passer d’environ EUR 18 mds à EUR 6,5 mds.
Néanmoins, c’est important de relativiser un peu ces propos. L’excédent commercial de l’UE sur l’automobile avec le reste du monde a eu tendance, paradoxalement, à s’accroître ces dernières années. Ce qu’on observe, c’est que la hausse soutenue des exportations de véhicules automobiles vers d’autres destinations, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, est venue jusqu’à présent compenser la dégradation du solde commercial avec la Chine.
L’excédent commercial dans les secteurs traditionnellement porteurs pour l’union européenne se maintient donc encore à des niveaux historiquement élevés.
Merci Guillaume de votre éclairage sur la balance commerciale de l’union européenne.
Merci à nos auditeurs et rendez-vous sur notre site internet, vous y retrouverez tout au long de l’année les analyses de notre équipe de recherche économique.
A très bientôt.