Au deuxième trimestre 2024, la croissance turque est passée en dessous de 3% sur un an, pour la première fois depuis 2019. Sur un trimestre, le PIB est même resté stable. Sans la contribution positive des échanges extérieurs et celle des stocks, le PIB aurait même reculé.
Ce ralentissement de l'activité traduit les effets du durcissement de la politique monétaire initiée à la mi-2023, le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale a été relevé de 8,5% le 26 juin 2023 pour atteindre 50% actuellement. Comme vous pouvez le voir sur le graphique, le taux moyen des crédits bancaires aux entreprises est passé de 15% à 60% et celui aux ménages de 30% à 70%.
En conséquence, le crédit domestique, qui avait largement soutenu par vagues la croissance de ces dernières années, a fortement ralenti depuis la mi-2023. Plus précisément, la progression sur un an des crédits accordés en livres turques aux ménages et aux entreprises par les banques de dépôt est revenue à environ 30%, en glissement sur un an fin août, et, 18% sur 3 mois en rythme annualisé.
En termes réels, l'évolution est même négative car l'inflation était de 52% sur un an en août. S'il freine nécessairement la croissance, le ralentissement du crédit est plutôt un développement favorable pour la stabilité financière. Il permet au déficit courant, qui est encore élevé malgré la baisse des prix du pétrole, de se réduire, ce qui permettra d'alléger les pressions sur les réserves de change.
Dans ce scénario, la dépréciation du change devrait ralentir, et donc l'inflation également.