Graphiques de la semaine

Europe du Sud : la rentabilité des banques au plus haut depuis 2007, mais sans doute pas durablement

15/11/2024
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En Espagne, en Italie et au Portugal, les cinq plus grands groupes bancaires ont, en moyenne et sur base consolidée, dégagé une rentabilité financière (ROAE[1]) annualisée de respectivement 15,0%, 15,6% et 18,1% au cours des trois premiers trimestres 2024. Ces niveaux sont inédits depuis 2007.

Le soutien des revenus nets d’intérêts à l’augmentation
de la rentabilité financière des banques d’Europe du Sud se réduit*

La hausse des revenus nets d’intérêts a amplement contribué[2], bien que dans une moindre mesure qu’en 2023, à l’augmentation du ROAE en Espagne et en Italie (respectivement +1,5 pp et +0,4 pp). En revanche, au Portugal, c’est la baisse des frais généraux et du coût du risque (largement imputable aux reprises sur provisions d’un seul établissement qui avait réalisé de fortes dotations en 2023) qui y a contribué positivement en 2024 (respectivement, +1,9 pp et +3,0 pp). Plus généralement, l’amélioration de la rentabilité financière des banques d’Europe du Sud a également été permise par une conjoncture relativement dynamique[3]. Cela contraste, par exemple, avec la situation allemande, où la détérioration de la conjoncture s’est notamment traduite par une hausse de 40% du coût du risque des plus grandes banques en 2024.

En dépit des écarts de contributions entre 2023 et 2024, les effets de la baisse des taux ne se reflètent pas encore pleinement dans les résultats des banques d’Europe du Sud. Toutefois, les intérêts reçus ont, par exemple, baissé plus rapidement que les intérêts versés au troisième trimestre 2024 en Espagne (respectivement, -2,6% et -1,5% t/t). Cette dynamique est appelée à se poursuivre en raison de la part importante des prêts à taux variable à l’actif des banques espagnoles, et plus généralement d’Europe du Sud.

Dans son dernier rapport de stabilité financière, la Banque d’Espagne estime toutefois que les effets de la baisse des taux sur la rentabilité des banques devraient être « limités et progressifs ». Ils seraient partiellement compensés par la hausse des encours de crédits et la baisse du coût du risque. Dans cette perspective, les banques d’Europe du Sud risquent de subir une surtaxation prolongée alors que la principale raison à sa mise en place (forte hausse des revenus nets d’intérêts qui a contribué à la forte augmentation de la rentabilité financière) est en repli. En Espagne, la surtaxe assise sur les revenus nets d’intérêts et les commissions nettes de 2022 et 2023 (et non sur les résultats) pourrait ainsi être appliquée pendant trois années supplémentaires, tandis que le gouvernement italien souhaite une « contribution de solidarité » de la part des banques en 2025 et 2026.


[1] Return on average equity.

[2] Le calcul des contributions permet de mesurer le rôle de chaque composante dans la variation du ROAE. La somme des contributions est ainsi égale à la variation du ROAE.

[3] Cf. notamment L. Barette, L’Italie relève la tête, Graphiques de la semaine, BNP Paribas.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE