La conjoncture française subit de nouveau le poids des aléas conjoncturels, comme en témoigne le rebond de l’indicateur d’incertitude de la Banque de France qui atteint en juillet un plus haut depuis l’automne 2022 (crise énergétique). Ceci pourrait fragiliser un climat des affaires déjà un peu moins favorable en France (PMI composite à 48,8 en juin) qu’en zone euro (PMI supérieur à 50 depuis 4 mois).
Cette incertitude pèse sur la demande : malgré un soutien encore important des finances publiques au pouvoir d’achat (déficit public de 5,5% du PIB en 2023), le taux d’épargne des ménages reste élevé (17,6% de leur revenu disponible brut au T1 2024). La confiance des ménages, qui s’est de nouveau érodée en juin (à 89, contre 90 en mai 2024), traduit cet attentisme, malgré une progression du salaire mensuel brut au T1 (+3,3% a/a) supérieure à l’inflation (+3% a/a selon l’indice harmonisé).
Il en résulte une demande contrainte, mais pas l’arrêt des transitions qui soutiennent la croissance française : développement des services et augmentation du taux d’emploi. Le climat des affaires s’est même amélioré dans les services (au-dessus de 100 depuis 4 mois selon l’enquête Insee). Le marché du travail continue de créer des emplois (75 000 au 1er trimestre), tandis que le climat de l’emploi de l’Insee est stable (101 en moyenne au T2 comme au T1). Notre nowcast pour la France (0,3% t/t pour le 2e trimestre, comme notre prévision) témoigne de cette résilience qui pourrait avoir de nouveau porté la croissance française au T2.
Toutefois, il y a d’autres transitions ou transmissions que l’incertitude pourrait retarder : la transition verte d’abord, avec la part de l’électrique qui plafonne dans les nouvelles immatriculations automobiles (17% au 1er semestre 2024 contre 18% au 2nd semestre 2023), dans un marché national globalement stable (immatriculations totales en hausse de 2,3% a/a au 1er semestre). L’intention des ménages de réaliser un achat immobilier ensuite (qui concernait 7,5% des ménages en moyenne au T2 contre un point bas à 7% au T3 2023, selon l’enquête ménages de l’Insee), malgré un début de transmission de la baisse des taux d’intérêt entamée par la BCE aux taux d’intérêt appliqués aux crédits immobiliers. Deux ombres portées qui suggèrent que la croissance française devrait rester aux alentours de son étiage actuel (légèrement supérieure à 1% en rythme annuel) dans les prochains trimestres.
Achevé de rédiger le 17 juillet 2024