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Italie | Une croissance stable mais modérée

08/10/2024
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La reprise de l’économie italienne se poursuit, mais à un rythme modéré. Au T2 2024, soutenu par la demande intérieure, le PIB réel a progressé de 0,2 % t/t, tandis que la contribution du commerce extérieur a été négative. Le ralentissement de l’investissement est dû à la baisse des dépenses en logements, tandis que celles en équipements ont augmenté. La consommation des ménages a modérément augmenté. La valeur ajoutée dans le secteur des services a légèrement accéléré tandis qu’elle a poursuivi sa contraction dans le secteur manufacturier. Le marché du travail s’est nettement amélioré depuis le T2 2021. Au T2 2024, le taux d’emploi s’élève à 62,2 %, un pic historique qui reste néanmoins faible par rapport à ceux des principaux partenaires européens de l’Italie.

Une demande intérieure positive

CROISSANCE ET INFLATION

La reprise de l’économie italienne se poursuit, mais à un rythme modéré. Après avoir progressé de 0,3 % t/t au T1 2024, le PIB réel a progressé de 0,2 % t/t au T2 et de 4,7 % par rapport au T4 2019. La demande intérieure a contribué à hauteur de 0,1 point de pourcentage à la croissance, tandis que la contribution du commerce extérieur a été négative (-0,3 pp), les exportations ayant davantage baissé que les importations.

De janvier à juillet 2024, les exportations italiennes vers l’Allemagne ont reculé de près de 5,5 %. La contribution des variations de stocks a été très positive, à +0,4 pp.

Au T2 2024, la consommation des ménages a progressé de 0,2 % t/t, après une hausse de 0,3 % au T1, en dépit de l’augmentation progressive de la propension à l’épargne. Malgré la persistance de l’incertitude sur les perspectives économiques mondiales et locales, la confiance des consommateurs reste supérieure à sa moyenne à long terme. Le pouvoir d’achat des ménages dépasse son niveau d’avant-COVID, le revenu nominal ayant augmenté tandis que l’inflation décélérait.

La croissance économique modérée résulte principalement du ralentissement de l’investissement (+0,3 % au T2 après +0,4 % au T1 et +2 % au T4 2023). La ventilation par postes de dépenses est mitigée, mais meilleure que prévu. L’investissement résidentiel a enregistré sa deuxième baisse consécutive, avec la fin des incitations fiscales visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Les autres types d’investissements de construction, y compris les infrastructures et les bâtiments industriels, ont encore augmenté de 1,8 %, après une hausse de 4,6 % au T1. Malgré l’incertitude liée aux nouvelles incitations publiques en faveur des équipements en technologies de l’information et de la communication, les investissements en machines et équipements ont augmenté de 0,9 % (+18,5 % par rapport au T4 2019). Le climat des affaires s’est légèrement amélioré et reste au-dessus de sa moyenne à long terme.

La reprise de l’économie italienne par secteur d’activité demeure mitigée. Bien qu’en perte de vitesse, la valeur ajoutée (VA) dans le secteur de la construction a progressé de 0,6 % au T2, après +2,9 % au T1. La VA dans les services a légèrement accéléré, bénéficiant de la poursuite de la reprise du tourisme international. De janvier à juin 2024, le nombre de voyageurs étrangers en Italie a dépassé les 40 millions, soit 2,2 millions de plus que sur la même période en 2023. L’industrie manufacturière reste affectée par le ralentissement de la demande mondiale et des dépenses d’investissement. Au T2, la valeur ajoutée y a baissé de 1 % (-0,4 % au T1). Malgré une baisse en glissement annuel, les prix de production dans le secteur manufacturier restent supérieurs de plus de 20 % à leur niveau de début 2021. La production a encore baissé, avec une contraction généralisée à de nombreux secteurs.

Un pic historique d’emploi

En Italie, le marché du travail s’est nettement amélioré depuis le T2 2021. Au T2 2024, le nombre de personnes employées (donnée corrigée des variations saisonnières) a atteint 23,9 millions, soit 409 000 unités de plus qu’au T2 2023 et 873 000 de plus qu’au T4 2019, avant l’épidémie de COVID-19. L’augmentation concerne principalement les femmes : au T2 2024, il y avait 467 000 femmes employées de plus qu’au T4 2019. Grâce à ces améliorations récentes, le taux d’emploi a atteint 62 % au T2 2024, un pic historique qui reste néanmoins inférieur à celui de ses principaux partenaires de l’UE (77,6 % en Allemagne, 69 % en France, 66 % en Espagne). C’est particulièrement le cas du taux d’emploi des femmes (53,4 %) et des régions du Sud où, à 43,3 %, il reste très inférieur à celui du reste du pays. Le taux d’emploi reste fortement influencé par le niveau d’éducation. En Italie, 82,9 % des diplômés du supérieur âgés de 14 à 65 ans ont un travail. Ce taux baisse à 62,9 % chez les diplômés du lycée et à 44,9 % chez ceux qui n’ont qu’un diplôme de l’enseignement primaire ou du secondaire inférieur.

Malgré la hausse de l’offre de main-d’œuvre, dans certains secteurs, les entreprises italiennes rencontrent des difficultés pour trouver les compétences dont elles ont besoin. Au premier semestre 2024, parmi les entreprises associées à Confindustria (association d’entreprises italiennes) à la recherche de personnel, 70 % (principalement de grandes entreprises industrielles) ont signalé des difficultés à trouver des compétences liées à la transition numérique, à l’internationalisation et à la transition verte.

Achevé de rédiger le 23 septembre 2024

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