Dans les principales économies émergentes, le rythme de la désinflation ralentit et le cycle d’assouplissement des conditions monétaires a débuté il y a plus d’un an. L’Égypte fait figure d’exception en raison d’une grave crise de sa balance des paiements qui a affecté son économie jusqu’au début de 2024. La décélération de l’inflation n’a débuté qu’au deuxième trimestre 2024, et la Banque centrale d’Égypte a décidé de laisser inchangés ses taux directeurs lors du comité de politique monétaire du 17 octobre 2024.
L’indice général de l’inflation des prix à la consommation (en zone urbaine) et l’inflation sous-jacente sont en baisse depuis mars 2024. La chute de l’inflation des prix des biens alimentaires (un tiers du panier) en est le principal moteur. Le desserrement de la contrainte extérieure au premier trimestre a permis une stabilisation du taux de change et l’arrêt progressif du rationnement des importations. La baisse des prix des matières premières sur les marchés mondiaux a aussi contribué au ralentissement de l’inflation.
Néanmoins, un certain nombre d’éléments justifient la stabilité des taux de la Banque centrale d’Égypte :
- Les pressions inflationnistes ne se réduisent que lentement et l’indice général est même légèrement reparti à la hausse en septembre. Le soutien financier du FMI s’est traduit par une hausse significative des prix de l’électricité (+30% en moyenne) et du gaz domestique (+50% pour le GPL) depuis le mois d’août.
- Par ailleurs, et c’est l’un des arguments avancés par la Banque centrale, la forte hausse des tensions géopolitiques dans la région fait peser un risque non négligeable sur les prix des matières premières, notamment sur ceux du pétrole. Le solde énergétique égyptien est de plus en plus déficitaire.
À court terme, l’inflation devrait significativement se réduire grâce, notamment, à un effet de base favorable. Nous prévoyons 12,1% en glissement annuel en mars 2025. Par ailleurs, la masse monétaire continue de décélérer (+18% en g.a. en août 2024 hors effet de change, contre 30% en moyenne en 2023), ce qui indique l’orientation baissière des pressions inflationnistes.