La crise de la Covid-19, plus encore celle de l’énergie provoquée par la guerre russe en Ukraine, ont bouleversé la course des prix dans l’Union européenne (UE). Parce qu’ils achètent 90% de leur gaz et de leur pétrole à l’étranger, les Vingt-Sept ont payé cher leur dépendance aux combustibles fossiles. En 2022 et 2023, leur facture énergétique annuelle est montée à près de EUR 700 milliards, le double de celle des années précédentes[1] ; 200 millions de ménages ont vu le coût de la vie augmenter de 16% en moyenne, soit autant que durant toute la décennie 2010.
Face à un tel choc, exprimé en données agrégées, tous les États n’ont pas été logés à la même enseigne. Certains d’entre eux, souvent les plus riches, ont consacré des sommes importantes à compenser auprès des consommateurs et des entreprises la hausse des prix de l’énergie. D’autres ont eu plus de difficultés. D’après l’institut Bruegel, les boucliers tarifaires, chèques carburants et autres TVA réduites ont totalisé près de EUR 540 milliards dans l’UE, l’équivalent de 3,5 points de PIB annuel. Dans les pays du premier quartile des revenus, l’aide moyenne par habitant s’est élevée à EUR 1 570, tandis qu’elle s’est limitée à EUR 565 dans les pays du dernier quartile[2].
Depuis deux ans, les ménages européens ont connu des hausses de prix disparates, pouvant aller de +15% à +35% selon qu’ils soient, par exemple, Suédois ou Hongrois[3]. Si les mesures de protection gouvernementales ont joué un rôle, elles sont loin de tout expliquer. Une fois leurs effets neutralisés[4], les trajectoires d’inflation paraissent surtout dépendre du degré d’éloignement des économies vis-à-vis des combustibles fossiles. Il apparait ainsi que les pays les plus en avance dans le déploiement des alternatives renouvelables sont souvent ceux qui, à la suite du choc énergétique, ont enregistré les taux d’inflation les plus bas (cf. graphique). Au-delà d’être un enjeu climatique et de souveraineté, la transition « verte » s’affirme déjà comme un facteur important quant à la stabilité des prix.
Avec le concours d’Aurane Vernière, stagiaire