Afin de stabiliser sa dette publique, l’Italie génère des excédents budgétaires primaires depuis plusieurs années. Le niveau de leurs déficits actuels et l’augmentation prévisible de la charge d’intérêt devraient placer les États-Unis, le Royaume-Uni et la France dans une situation similaire. Chacun de ces pays sera, à terme, contraint d’équilibrer son budget primaire dans les années à venir.
Composition du déficit public et solde budgétaire primaire stabilisant la dette publique (% du PIB)Sources : données nationales, prévisions BNP Paribas (p)
Le Royaume-Uni et la France vont être confrontés avant la fin de la décennie à une situation que l’Italie connait depuis de nombreuses années : la nécessité d’avoir un solde primaire du budget à l’équilibre, voire en excédent, afin de stabiliser a minima le ratio de dette publique sur PIB. Si rien ne change d’ici là, les États-Unis devraient, quant à eux, se retrouver dans une situation similaire au début de la prochaine décennie.
En 2025, seul le budget que l’Italie prévoit de mettre en œuvre la rapproche du solde primaire permettant de stabiliser la dette. À partir de 2026, elle serait même capable de réduire son ratio de dette sur PIB, même en cas d’aggravation de la charge d’intérêts. Cette situation particulière lui confère des marges de manœuvre pour augmenter son budget militaire (1,5% du PIB en 2024) sans entrainer une augmentation de sa dette publique (EcoPerspectives).
Pour les autres pays, la charge d’intérêts va représenter une proportion de plus en plus importante du déficit budgétaire. Avec la hausse des taux d’intérêt et compte tenu de son déficit public élevé, la France va ainsi voir s’amenuiser l’avantage relatif dont elle bénéficiait jusque-là sous la forme d’un service de la dette plus modéré. Celui-ci va ré-augmenter à l’horizon de la fin de la décennie lorsque la majorité des titres émis avant la remontée des taux d’intérêt aura été refinancée à des taux plus élevés.
Pour la France, comme pour les États-Unis et le Royaume-Uni, cette charge d’intérêts en hausse contribue à sensiblement accroître l’effort de consolidation budgétaire à fournir afin de stabiliser le ratio de dette publique sur PIB. Cet effort devra porter sur plusieurs années tant le solde primaire était, en 2024, éloigné du niveau nécessaire pour stabiliser le ratio de dette. Aux États-Unis, la remontée attendue de l’inflation cette année et l’année prochaine devrait modérer l’augmentation de ce ratio sans toutefois l’enrayer. Dans ces pays, les ratios de dette publique devraient donc continuer d’augmenter : une perspective qui pèse d’ores et déjà sur le niveau des taux longs.