Le sujet des finances publiques et de leur rééquilibrage est revenu sur le devant de la scène, en particulier en France mais pas seulement. Cette problématique concerne de nombreux autres pays, au premier rang desquels on peut citer les États-Unis. Que peut-on dire, dans ce contexte, des évolutions comparées des ratios de dette publique, depuis 2017, croisées avec celles de la croissance économique ? À quel point plus de dette (sous l’effet combiné des crises et des mesures pour y faire face) est-elle associée à plus de croissance (sous l’effet du soutien budgétaire) ?
Sans surprise, le bilan est contrasté, comme l’illustre l’éparpillement des points sur notre graphique sur l'échantillon de 12 pays ici représentés. Sur les deux périodes considérées (2017-2024 et 2019-2024), on ne distingue pas de relation claire entre la variation du ratio de dette publique (représentée sur l’axe des abscisses) et la croissance cumulée (représentée sur l’axe des ordonnées), ni dans un sens ni dans l’autre.
On observe en revanche, entre les deux périodes, une translation, normale, vers le bas et légèrement vers la droite du nuage de points. La croissance cumulée sur la période plus courte 2019-2024 est mécaniquement plus basse que celle incluant deux années de plus (et de forte croissance en outre). Les 5 dernières années incluent aussi le choc récessif massif causé par le Covid en 2020. S’il a été suivi d’un rebond économique vigoureux en 2021 et 2022, la trace du choc demeure. C’est aussi vrai du côté des ratios de dette publique, qui se sont tous dégradés entre 2019 et 2024 (à l’exception notable de la Grèce et du Portugal et, dans une moindre mesure, des Pays-Bas). À retenir que, entre 2017 et 2019, 8 pays ont connu une baisse de leur ratio de dette (dont la France, très légèrement). Parmi les 4 pays où il a augmenté, on compte les États-Unis et le Japon.
Concentrons-nous maintenant sur la période 2019-2024. On observe que, pour une hausse de leur ratio de dette un peu supérieure à la France, les Etats-Unis bénéficient d’une hausse cumulée de leur PIB bien supérieure. Les États-Unis ressortent toutefois assez clairement comme l’exception plutôt que la règle. La situation de la France apparaît similaire à celle du Japon et du Royaume-Uni : hausse de dette relativement importante, hausse cumulée du PIB relativement peu importante. On observe aussi que, pour une croissance cumulée un petit peu plus importante que la France, l’Italie et l’Espagne accusent une hausse bien moins importante de leur ratio de dette. L’Allemagne, de son côté, enregistre, certes, la hausse du ratio de dette la moins importante mais c’est aussi le seul pays, avec le Japon, à accuser la plus faible croissance cumulée. Enfin, la Grèce et le Portugal bénéficient d’une croissance cumulée élevée, qui contribue à la réduction de leur ratio de dette en plus des effets bénéfiques des efforts passés de consolidation budgétaire.
En résumé, à chaque pays son histoire. S’endetter peut être nécessaire et utile pour soutenir la croissance mais jusqu’à un certain point. Aujourd’hui, l’heure est au désendettement. La croissance est un facilitateur, la consolidation budgétaire une nécessité.