Après avoir augmenté leur déficit public pendant la période de Covid, les Etats membres de l’Union européenne se sont engagés à les ramener à terme sous les 3% du PIB. L’Allemagne pousse même l’effort plus loin.
Pourtant, si la dette publique atteint 89% du PIB en moyenne en zone euro, elle reste proche du seuil fatidique de 60% en Allemagne. Une performance qui s’explique par le frein à l’endettement, restauré à partir de 2024, qui suppose que le déficit structurel de l’Etat fédéral ne dépasse pas 0,35% du PIB.
Or, la littérature économique a montré que lorsque la dette publique est modérée, une consolidation budgétaire peut peser sur la croissance. De plus, l’une des conclusions principales du rapport Pisani-Ferry/Mahfouz souligne que la mise en œuvre de la transition climatique par le secteur privé nécessite un soutien budgétaire dédié.
A contrario, en Allemagne, les aides à l’achat de véhicules électriques ont été supprimées en décembre 2023 afin de réduire le déficit public, pesant encore un peu plus sur une production automobile près de 20% inférieure à son pic de fin 2017. Et le PIB allemand stagne maintenant depuis 2 ans.
Par contre, lorsque la dette publique est perçue comme trop élevée, les ménages et les entreprises anticipent que les déficits d’aujourd’hui ne deviennent les impôts de demain, et accroissent leur épargne.
La littérature souligne que, dans ce cas, une consolidation budgétaire portant sur la réduction des dépenses pourrait soutenir la croissance. En effet, si la confiance dans la trajectoire de la dette publique est restaurée, le taux d’épargne diminuerait, facilitant sa stabilisation.
La France est-elle aujourd’hui dans cette situation ? D’abord, la perception d’un excès d’endettement public a mûri dans l’opinion. Selon le baromètre de l’Institut Montaigne, 39% des Français jugent sa réduction très urgente (+15 points en un an).
Quant à la méthode, une priorité accordée à la réduction des dépenses plutôt qu’à une augmentation des impôts a peu été essayée dans le passé, et notamment pas en 2012-13 où les recettes publiques avaient été augmentées d’1 point de PIB par an.
Aujourd’hui, avec une consommation atone et une situation financière des entreprises en détérioration, la marge de manœuvre est réduite en termes de fiscalité. Alors, est-ce qu’une consolidation budgétaire fondée sur une baisse ciblée des dépenses publiques pourrait fonctionner en France ? Nous le pensons, mais l’avenir le dira.