De tous temps, le climat a varié. La Terre n’ayant ni orbite ni inclinaison fixes (elle subit l’influence des autres planètes du système solaire, comme Jupiter et Saturne), la température à sa surface évolue avec les quantités d’énergie radiative qui lui parviennent et qui déterminent, par exemple, les grands cycles de glaciation du quaternaire. Véritable machine à remonter le temps, la paléoclimatologie (l’analyse des carottes océaniques ou glaciaires) retrace toujours plus finement les fluctuations passées du climat, depuis l’apparition d’homo sapiens, il a 300 000 ans environ, et bien au-delà encore.
Or les relevés scientifiques nous révèlent que les conditions actuelles sont sans précédent, même à l’échelle des temps géologiques. Bien plus qu’un changement, la composition de l’atmosphère marque une rupture, dont l’origine n’est pas naturelle mais anthropique, c’est-à-dire liée aux activités humaines. Celles-ci ont occasionné depuis l’ère préindustrielle (par convention, la période 1850-1900) 2 700 milliards de tonnes d’émissions cumulées de CO2, aboutissant à une concentration atmosphérique du même gaz de 420 parties par million (ppm) en 2023, la plus forte depuis au moins 2 millions d’années (cf. graphique)[1].
La hausse associée des températures (l’effet de serre) atteint 1,3°C en moyenne à la surface du globe, tandis qu’elle a déjà dépassé 2°C en Europe, l’un des endroits aujourd’hui le plus enclin à se réchauffer. Au-delà de son ampleur, c’est bien la soudaineté du phénomène qui pose la question de l’adaptabilité des espèces et inquiète la communauté scientifique. Au rythme observé depuis cinquante ans, la hausse des températures serait 30 à 50 fois plus rapide que toutes celles qui l’ont précédée. Si le climat a toujours varié, il ne l’a jamais fait de cette façon-là.