Aux États-Unis, la hausse des prix à la consommation marque le pas, ce qui est en ligne avec le refroidissement du marché du travail. Après trois mois de progression plus contenue, l’indice IPC a baissé en juin, en variation mensuelle, pour la première fois en deux ans.[1] L’indice sous-jacent a augmenté très modérément (+0,1% m/pm, plus faible depuis mai 2020). Autres signaux importants de désinflation : les mesures alternatives continuent de refluer, et notamment la moyenne ajustée du déflateur, publiée par la Réserve fédérale de Dallas, désormais bien ancrée sous les 3% (cf. page 7). Le rebond des prix à la production, encore limité à ce stade, est toutefois à surveiller et pourrait contribuer à limiter le recul de l’inflation des prix à la consommation. En glissement annuel, les prix à la production sont repassés au cours du deuxième trimestre au-dessus des 2% (2,7% a/a en juin).
En zone euro, des écarts d’inflation importants émergent à nouveau entre les pays membres, en raison essentiellement d’effets de base sur l’énergie très défavorables pour certains pays, surtout en Belgique qui, avec une inflation headline et énergétique respectivement à 5,4% et 25,6% en juin, connaît la hausse des prix la plus importante. A contrario, l’inflation évolue encore en dessous de 1% en Finlande (0,5%) et en Italie (0,9%). À 2,5%, l’inflation en Allemagne et en France est au même niveau que la moyenne de la zone euro, qui a légèrement baissé (-0,1 p.p.) par rapport au mois de mai. Les anticipations d’inflation des ménages continuent de refluer, mais se maintiennent comme au Royaume-Uni, au-dessus du niveau d’inflation actuelle, contrairement aux anticipations des prévisionnistes qui sont inférieures.
Au Royaume-Uni, l’inflation headline s’est maintenue sous la barre des 2% en juin. La déflation sur les prix énergétiques est toujours très importante, et devrait perdurer plusieurs mois encore, en raison de la nouvelle baisse des prix sur les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité intervenue en juillet. L’inflation sous-jacente reste tirée par les services (5,7%). Après une légère décélération le mois précédent, la hausse des loyers a atteint 7,21% a/a, la plus forte augmentation depuis octobre 1993. Par ailleurs, si les anticipations d’inflation des ménages diminuent de manière constante depuis plus d’une année, ce reflux est plus limité que l’inflation headline.
Au Japon, la hausse des salaires n’altère pas, pour le moment, les dynamiques d’inflation qui peinent à se renforcer dans les services. L’inflation dans ce secteur a certes rebondi de 0,3 point de pourcentage à 1,8% a/a en juin, mais elle a reflué par rapport au début de l’année, entraînant dans son sillage l’inflation sous-jacente (hors aliments périssables et énergie), qui s’est réduite de moitié entre août 2023 (4,3% en g.a.) et juin 2024 (2,1%). Cela dit, la mesure la plus suivie par la Banque du Japon, l’IPC hors produits périssables, a progressé de 2,6% en mai à 2,7% en juin. En contribuant à hauteur de 0,6 point à l’inflation totale en juin, malgré un poids peu significatif dans l’indice des prix (7,8%), l’inflation énergétique gagne à nouveau du terrain, sur fond de retrait récent des aides gouvernementales.
Graphique du mois : une dynamique inflationniste encore peu satisfaisante au Royaume-Uni
La baisse de l’inflation headline au Royaume-Uni s’est très légèrement poursuivie en juin (diminution de 1,99% à 1,98%). Si celle-ci est désormais plus faible outre-Manche qu’en zone euro et aux États-Unis, l’inflation sous-jacente y est plus élevée, à 3,5% en juin. L’écart entre les mesures headline et sous-jacente, qui s’était brusquement accentué les années passées avec l’envolée des prix énergétiques, s’est ensuite très nettement réduit. Il est même devenu de plus en plus négatif au fil des mois pour atteindre, en juin, un niveau sans précédent en près de 35 ans, qui devrait encore s’accentuer en juillet en raison de la nouvelle baisse du plafond sur les prix du gaz et de l’électricité intervenue. Le reflux marqué de l’inflation reste encore circonscrit à un nombre restreint de composantes de l’IPC. Moins d’un tiers des composantes de l’indice des prix à la consommation affichent une progression inférieure ou égale à 2% et à l’inverse, plus d’un tiers, sont au-dessus de 6% a/a (cf. page 13), dont les appareils et équipements médicaux (+6,4% a/a), les services culturels et récréatifs (+6,5% a/a) et les contrats d’assurance (+9,5% a/a). La dynamique actuelle sera-t-elle suffisante pour que la Banque d’Angleterre (BoE) acte une première baisse des taux directeurs en août ? Cela reste notre scénario actuel. Néanmoins, la progression toujours soutenue des prix dans les services et des salaires rend la position de la BoE encore très inconfortable et pourrait la conduire, in fine, à retarder le début du cycle de détente monétaire.