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BAROMÈTRE DE L'INFLATION - NOVEMBRE 2023

09/11/2023
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Hormis au Japon, l’inflation sous-jacente recule dans la plupart des économies avancées. Le repli est assez généralisé (produits alimentaires, habillement ou encore biens ménagers). Cette dynamique sous-tend nos prévisions qu’aucune nouvelle hausse de taux n’est à prévoir de la part de la Réserve fédérale (Fed), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre (BoE). Toutefois, au Royaume-Uni, le maintien des taux ne fait pas l’unanimité au sein du Conseil de politique monétaire (MPC) et une surprise outre-Manche n’est pas à écarter.

Le reflux de l’inflation a été particulièrement marqué dans la zone euro en octobre (de 4,3% en septembre en glissement annuel à 2,9%), et surtout en Italie (de 5,6% à 1,9%). L’indice des prix à la production en zone euro (hors construction), largement influencé par les fluctuations des prix énergétiques, s’est replié plus fortement en août (-11,5% a/a). Cela dit, la contribution négative de la composante « Énergie » devrait nettement s’estomper avant de redevenir positive, sous l’effet de la remontée récente des prix du pétrole et du gaz naturel. Les prix à la consommation en Belgique et aux Pays-Bas s’affichaient en déflation en octobre, tandis qu’à l’inverse l’inflation est remontée dans trois pays : l’Espagne, la Grèce et l’Estonie.

Aux États-Unis, les salaires ralentissent et leur progression se rapproche davantage de l’inflation. Or, cette dernière a repris de la vigueur cet été, alimentée par le rebond des prix des biens énergétiques : après avoir chuté à 3,0% a/a en juin, la mesure IPC totale est remontée à 3,6% a/a en septembre (3,4% a/a pour le déflateur PCE). La mesure sous-jacente baisse en revanche de 0,2 point de pourcentage à 4,1% a/a. Du côté des services, il convient, plus que jamais, de dissocier l’évolution de la composante « Logement » – en légère décrue mais encore en hausse de 7,2% a/a – des autres catégories. Pris dans leur ensemble, le reste des services enregistrent un plus fort ralentissement à 2,7% a/a, soit le rythme le moins élevé depuis deux ans et demi.

Au Royaume-Uni, le recul de l’inflation a marqué le pas en septembre, à 6,7% a/a. À court terme, les perspectives de repli apparaissent moins importantes que chez ses voisins européens et qu’aux États-Unis, du fait notamment d’une croissance des salaires nettement plus élevée. D’ailleurs, la dernière réunion de la BoE, qui s’est tenue le 2 novembre, a débouché à nouveau sur un vote divisé : trois membres sur les neuf qui forment le MPC ont, comme le mois précédent, voté en faveur d’une hausse de 25 points de base des taux directeurs. Cela dit, le marché du travail se retourne : une remontée du chômage se précise. Elle atténuera les dynamiques d’inflation des salaires et des prix à la consommation.

Au Japon, le point mort d’inflation a continué de grimper ces dernières semaines, et plus nettement encore après la réunion de la Banque du japon (BoJ) du 31 octobre, qui a débouché sur un relâchement des conditions d’intervention de la BoJ sur les JGB à 10 ans. L’inflation totale a cependant légèrement reflué en septembre, passant de 3,1% à 3,0% a/a, mais celle dans les services est restée stable à 2%. Par ailleurs, deux des trois mesures alternatives scrutées par la BoJ – la moyenne ajustée et la médiane pondérée – continuent de remonter.

Graphique du mois : vers un régime d’inflation plus élevée au Japon ?

Au Japon, l’ajustement des marchés à une inflation plus élevée et proche de la cible des 2% se poursuit. Le point mort d’inflation a continué de grimper au cours des dernières semaines ; l’écart se réduit donc avec celui des États-Unis et ceux des quatre grands pays de la zone euro, qui se sont stabilisés respectivement autour de 3% et 2%. À 3,0% a/a en septembre, suivant un effet de ciseau, l’inflation au Japon rattrape, par le haut, l’inflation en baisse dans les autres pays : elle fait désormais jeu égal avec la zone euro (2,9%) et se rapproche des États-Unis (3,7%). Les dynamiques de fond poussant l’inflation vers la cible de 2% restent fragiles, avec une progression des salaires de base encore faible dans le pays (+1,4% a/a en septembre selon les données du ministère de travail). Néanmoins, à 2,0% en septembre, l’inflation dans les services revient à des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis les années 90.

Le rapprochement des anticipations d’inflation des marchés traduit également la divergence de politique monétaire importante entre, d’un côté, une Réserve fédérale américaine qui aurait achevé sa phase de remontée des taux et, de l’autre, la Banque du Japon qui n’en serait qu’au début. La banque centrale nippone s’extrait (très progressivement) de sa politique de contrôle des taux d’intérêt, avant une normalisation plus franche attendue en 2024.


LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE