- Des deux côtés de l'Atlantique, la remontée récente de l'inflation a été essentiellement alimentée par les composantes volatiles (énergie, alimentation), tandis que les mesures sous-jacentes sont stables. Aux États-Unis, la dynamique inflationniste est plus préoccupante. En effet, l'activité économique y reste solide et les politiques économiques de Donald Trump risquent d’alimenter les tensions sur les prix.
- Les perspectives d'inflation au Royaume-Uni sont plus incertaines, les facteurs haussiers (croissance soutenue des salaires, mesures budgétaires) étant contrebalancés par la fragilisation, de plus en plus évidente, de l'activité économique. Au Japon, la hausse de l'inflation est recherchée et sous contrôle, tandis qu'en zone euro l'objectif des 2% reste en vue.
- Aux États-Unis, le scénario d'un atterrissage à brève échéance de l'inflation proche de la cible des 2% s'éloigne. Les anticipations d'inflation à long terme des ménages sont d'ailleurs repassées au-dessus des 3% en janvier (page 21), tandis que les indices des pressions sur les prix (côté offre) sont orientés à la hausse (page 19). L'inflation, mesurée par l'IPC, a progressé de 2,7% a/a en novembre à 2,9% en décembre 2024, principalement du fait d’une déflation moindre sur le carburant automobile. L'indice sous-jacent (hors énergie et alimentation) a toutefois légèrement reculé de 3,3% à 3,2%. La hausse des loyers et celle des assurances automobiles restent significatives mais elles ralentissent, respectivement de 4,9% à 4,8% et de 14,0% à 12,7%.
- En zone euro, l'inflation a aussi regagné un peu de terrain au cours du dernier trimestre 2024 pour atteindre 2,4 % en décembre. La variation sur un an des prix de l'énergie est repassée en territoire positif. Il s’agit du principal contributeur à la remontée de l’inflation au sein de l'union monétaire, même si des écarts importants, sur cette composante, s'observent entre les États membres. Avec 1,0%, l'Irlande affiche l'inflation la moins élevée en zone euro, suivie de l'Italie (1,6%), tandis que la Belgique (+4,4%) et la Croatie (4,5%) subissent la hausse des prix la plus forte. Les mesures alternatives suivies par la Banque centrale européenne se maintiennent dans un intervalle relativement restreint, allant de 2,1% pour la mesure PCCI à 2,8% pour le supercore.
- L'accélération de l'inflation est notable au Japon, où le renchérissement des composantes volatiles – énergie et aliments périssables – a tiré l'inflation totale à 3,7%, au plus haut depuis janvier 2023. Les aides publiques sur l'énergie ont été réduites en novembre dernier mais des mesures ont été réintroduites en janvier pour une durée de trois mois. La mesure ciblée par la Banque du Japon (BoJ) - CPI hors aliments périssables - a atteint 3,0%, mais la mesure hors énergie et aliments périssables s'est stabilisée à 2,3%. Le point mort d'inflation est désormais proche des 2% (page 25). À l'issue de la réunion du 24 janvier dernier, qui a débouché sur une nouvelle remontée des taux directeurs de 25 points de base, la BoJ a rehaussé ses prévisions d'inflation sur le core de 0,2 point de pourcentage à la fois pour l'année fiscale 2024 (+2,2% désormais) et pour 2025 (+2,1%).
- Au Royaume-Uni, l'inflation a légèrement reculé en décembre dernier, passant de 2,6% à 2,5%. De nouvelles pressions s'observent sur les biens industriels (+1,2% en glissement annuel), mais l'inflation dans les services recule de 5,0% à 4,4%, une baisse qu’explique pour moitié le repli des prix dans le transport aérien. À l'inverse, la hausse des loyers s'intensifie (+7,6% en glissement annuel, plus forte progression depuis septembre 1993), alimentant une partie importante de l'inflation dans les services, qui, sans cette composante, s’élèverait à 3,2% en décembre. Malgré la dégradation de plus en plus évidente du marché du travail, la progression des salaires reste soutenue (page 27) et devrait limiter la désinflation en 2025.
Notre Graphique du mois illustre les différents profils de désinflation dans les principales économies de la zone euro. Ces différences contribuent à freiner la désinflation mais elles masquent aussi des évolutions positives importantes.
L’inflation moyenne de la zone euro est actuellement tirée vers le haut par l’inflation plus élevée en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Belgique et, dans une moindre mesure, en Espagne. L’Allemagne et les Pays-Bas se distinguent plus particulièrement par une inflation sensiblement plus élevée dans les services, qui a augmenté entre décembre 2023 et décembre 2024 (dernier point disponible). Sur cette même période, la désinflation sur les prix des biens manufacturés hors énergie est importante dans tous les pays. L’Allemagne se distingue néanmoins à nouveau défavorablement avec une inflation manufacturière moins basse que ses partenaires en décembre 2024, une situation qui a les apparences de la stagflation.
En Espagne, en Belgique, en France et en Italie, l’inflation dans les services a reculé, en revanche, entre décembre 2023 et décembre 2024, une tendance encourageante bien qu’encore contenue. Les données préliminaires de la France, pour le mois de janvier 2025, confortent cette dynamique. En effet, l’inflation dans les services a ralenti davantage, repassant même sous la barre des 2% en glissement annuel d’après la mesure nationale de l’Insee (IPC non harmonisé). Certes, l’inflation énergétique, alimentaire et manufacturière remonte dans le même temps, entraînant dans son sillage l’inflation totale (qui augmente légèrement de 1,3% à 1,4% a/a pour l’IPC). Néanmoins, ces évolutions sont pour partie le résultat d’effets de base. Ce qui compte pour renforcer la désinflation et conforter le retour à la cible, c’est que la dernière poche d’inflation, que constituent les services, montre des signes de dégonflement.