L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a publié en avril son dernier jeu de prévisions, dont le message est plutôt positif[1]. Après un repli de 1,2% en 2023, le volume des échanges mondiaux en biens rebondirait de 2,6% en 2024, une progression peu ou prou en ligne avec la croissance de l’économie mondiale, attendue par l’OMC à 2,7%. Parmi les principaux soutiens au commerce mondial, l’organisation de Genève met en avant la baisse anticipée de l’inflation en 2024 et 2025. Celle-ci permettrait de soutenir le pouvoir d’achat et, par conséquent, la consommation de biens manufacturés.
Le rapport de l’OMC fournit également une mise en perspective des deux derniers épisodes de fortes perturbations sur le Canal de Suez : la situation actuelle et le blocage du canal par le porte-conteneur Even Given en 2021. Une série de facteurs permettrait, à ce stade, de limiter les conséquences du blocage en cours sur le fret mondial : une hausse du nombre de porte-conteneurs disponibles, une demande mondiale moins vigoureuse et des stocks plus importants.
Après avoir bondi en début d’année, les tensions sur la logistique mondiale semblent partiellement se résorber. L’indice Freightos, une mesure agrégée du taux de fret maritime, reste sur une trajectoire baissière, alors que son niveau avait triplé en début d’année (graphique 5). Cela avait fait suite à l’embrasement du conflit en mer Rouge et des charges additionnelles que cela avait entraîné sur les coûts de transport et d’assurance . Après avoir atteint un point haut mi-février, l’indice Freightos s’est, depuis, replié de près de moitié. L’indicateur de la Réserve fédérale de New York, qui mesure les tensions sur les chaînes de valeur, a reculé également en mars (graphique 3).
En parallèle, l’activité manufacturière reprend des couleurs. L’indice PMI mondial pour le secteur est repassé au-dessus de la barre des 50 en janvier. Il a ensuite continué de grimper, certes à un rythme très limité, pour s’établir à 50,6 en mars. Le sous-indicateur pour les nouvelles commandes à l’exportation est passé de 49,3 à 49,6 (graphique 2). L’évolution des exportations de biens en volume, calculée par le CPB[2], confirme cette légère embellie (graphique 1) : les exportations mondiales ont progressé en mars, pour le troisième mois consécutif, portant le glissement annuel à 2,8%, le plus haut rythme en un an. Les exportations chinoises, en progression de 7,6% au cours des deux premiers mois de l’année ont tiré les chiffres mondiaux vers le haut. Les exportations depuis les États-Unis ont également bondi depuis un an (+5,9% en glissement annuel en février, la plus forte progression depuis un an également).