Changement de focus

28/03/2024

À peine avons-nous obtenu une réponse à nos questions que de nouvelles apparaissent, qui amènent avec elles un changement de paradigme. C’est un phénomène que nous vivons à nouveau. Les récents commentaires de Christine Lagarde et de Jerome Powell nous ont fourni des indications implicites sur le calendrier de la première baisse des taux. L’attention se porte désormais sur la rapidité et l’ampleur de la réduction des taux directeurs. Un deuxième changement d’orientation concerne le passage des données subjectives (les enquêtes de confiance) vers les données objectives (l’activité, la demande, l’emploi) : la dynamique positive des premières sera-t-elle confirmée par une amélioration des secondes ? Enfin, un troisième changement d’axe est l’attention qui sera portée à l’actualité politique, et à ses implications pour l’économie et les marchés, dans l’UE (à l’approche des élections au Parlement européen) et de l’élection présidentielle américaine, où les deux candidats passent à la vitesse supérieure.

Transcription

Lorsque des questions ont été résolues, de nouvelles apparaissent nécessitant un changement de focus. Le problème est bien connu, nous le vivons actuellement à trois égards. Premier changement de focus : la politique monétaire. Dans des propos récents, Jerome Powell de la Réserve fédérale et Christine Lagarde de la Banque centrale européenne ont été assez clairs quant au calendrier du premier assouplissement monétaire.

Ça devrait être plutôt vers la fin du printemps, au mois de juin, et pas vraiment en début de printemps comme l'espéraient les marchés financiers à un moment donné. Cette question du timing est importante, mais ce qui est encore plus important, d'où le changement de focus, c'est l'ampleur et la rapidité de la détente monétaire.

Une question qui est importante, bien évidemment, pour le comportement des marchés financiers, des marchés obligataires ou encore des marchés d'actions, mais également pour l'économie, l'activité, la demande, et notamment la demande qui est sensible aux taux d'intérêt.

On pense au secteur de la construction.

Nous tablons sur une politique qui, somme toute, va être plutôt prudente de la part des banques centrales, sachant qu'il y a toujours cette crainte, cet inconfort, que peut-être la désinflation mettrait plus de temps. Et donc nous pensons que cette année, la Réserve fédérale baissera ses taux de 75 points de base, tandis que la Banque centrale européenne devrait réduire son taux officiel de 100 points de base.

Un deuxième changement de focus concerne la typologie des données économiques. Typiquement, les économistes accordent beaucoup d'attention aux données d'enquête, au sentiment des entreprises, à la confiance des ménages. Et sous ces données d'enquête, on a constaté en zone euro, depuis plusieurs mois, qu'il y a une dynamique positive qui se dessine, il y a un momentum positif qui se dessine.

Statistiquement, on le calcule en faisant tout simplement la moyenne sur les trois derniers mois, qu'on compare avec la moyenne pour les trois mois précédents. Et donc là, il y a une amélioration. On s'en félicite, bien évidemment. Le changement de focus concerne maintenant, est-ce que cette amélioration du sentiment économique va se traduire, va être suivie par une amélioration des données de demande, des données d'activité et du comportement du marché du travail ?

C'est une question qui est importante parce qu'en l'absence d'une amélioration de ces données de demande, données d'activité, comme on l'appelle en anglais « the hard data », en l'absence d'une amélioration, ça pèserait sur la confiance, ça mettrait en doute la perspective d'une amélioration du contexte cyclique et donc la confiance des ménages rechuterait ou encore le sentiment des entreprises, prendrait un coup dur.

En conséquence, cela pèserait sur les dépenses des ménages, sur la velléité des entreprises à investir, voire même à recruter des collaborateurs. Donc une question très importante, c'est la traduction de l'amélioration du sentiment dans les données d'activité et de demande et donc les données qui seront publiées au deuxième trimestre seront particulièrement importantes à cet égard.

Enfin, un troisième changement de focus concerne l'attention qui sera portée à l'actualité politique, à l'approche des élections pour le Parlement européen au mois de juin,

et puis bien évidemment aux États-Unis, l'élection présidentielle début novembre.

Au niveau européen, l'échéance électorale est importante parce qu'elle aura une influence sur les grands chantiers économiques en Europe ; on pense au financement de la transition énergétique ; mais on pense également à l'autonomie stratégique. Et puis lorsqu'on pense aux États-Unis, bien évidemment les orientations économiques de politique économique de l'administration sont très importantes pour le pays, mais également pour le monde en général.

Et donc un point qui retient l'attention, c'est ce qui sera décidé en termes de politique commerciale

sur une toile de fond où force est de constater que le discours protectionniste gagne en intensité. On devra cependant attendre début 2025 pour y voir plus clair et d'ici là on aura bien évidemment l'opportunité de revenir sur ce sujet et de le traiter dans nos émissions.

Je vous remercie d'avoir regardé ECO TV, merci beaucoup.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE