La conjoncture des mois de janvier et février souligne les incertitudes qui entourent 2024, avec, du côté positif, des améliorations dans plusieurs pays sur le climat des affaires et des marchés du travail résilients (Europe) ou toujours dynamiques (États-Unis). Autant d’éléments qui, ajoutés à une trajectoire de désinflation qui ne se diffuse pas encore à tous les secteurs (les services notamment), tendent à repousser dans le temps les anticipations de baisses de taux.
En Europe, le scénario d’une reprise de la croissance, portée par le soutien attendu à la consommation des ménages de la désinflation, ne parait pas encore totalement se refléter dans les données. Si, du point de vue de l’offre, les PMI de février suggèrent une amélioration, l’évolution de la demande reste plus incertaine. En effet, la confiance des ménages s’est récemment de nouveau détériorée dans plusieurs pays (Allemagne, France, Royaume-Uni) et reste nettement inférieure à sa moyenne historique, alors même que la désinflation poursuit sa progression. Toutefois, concernant l’inflation sous-jacente, si les biens continuent de bénéficier de la diffusion de la baisse des prix à la production, l’inflation dans les services s’est plutôt stabilisée sur les 3 derniers mois (avec la répercussion des hausses de coûts de 2023 dans les tarifs notamment dans les transports ou les assurances). De fait, le scénario d’une baisse des taux directeurs de la BCE dès le mois d’avril, qui reste le nôtre, est entouré d’incertitudes croissantes.
Aux États-Unis, l’économie reste dynamique, tout comme le marché du travail (les créations d’emploi restent encore solides en janvier). L’inflation sous-jacente demeure clairement trop élevée (3,9% a/a en janvier) pour autoriser un assouplissement monétaire par la Réserve Fédérale à un horizon proche (nous tablons sur une première baisse en juin).
A contrario, c’est l’anticipation d’un resserrement de la politique monétaire qui se dessine ces derniers mois au Japon (en ligne avec notre scénario). Cette prévision se voit toutefois contrariée par les toutes dernières données économiques : le pays a subi une récession au 2e semestre 2023 et l’inflation (notamment sous-jacente) a plutôt reflué ces derniers mois.