Après trois trimestres de croissance nulle sur les cinq derniers trimestres (entre le T4 2022 et le T4 2023), nous anticipons une croissance modérée au 1er trimestre à 0,1% t/t (même si notre nowcast et la prévision de l’Insee suggèrent un chiffre un peu plus élevé, de +0,2%).
La dernière fois que la croissance a été significative (au 2e trimestre 2023, avec +0,6% t/t), elle s’est expliquée par un restockage marqué (contribution de 0,5 point, après une contribution de -0,4 point au trimestre précédent). Un mouvement similaire de restockage pourrait se reproduire au T1 2024, les stocks ayant contribué pour -0,7 point à la croissance du T4 2023. Toutefois, ce chiffre très négatif laisse entrevoir une demande particulièrement atone au 1er trimestre qui ne devrait pas contribuer à la croissance (si celle-ci devait se révéler positive).
Plusieurs indicateurs suggèrent que tout rebond de la croissance devrait rester modéré et graduel. L’investissement des entreprises poursuivrait son repli entamé au T4 2023 (-0,9% t/t et stable a/a pour la première fois depuis fin 2020). Les carnets de commande dans les secteurs B-to-B suggèrent une poursuite de cette détérioration (solde d’opinion de -18 en moyenne sur les 6 derniers mois contre -8 sur les 6 mois précédents selon l’enquête Insee dans l’industrie, calculé en moyenne sur les machines et équipements, les équipements électriques et l’électronique). Dans l’automobile, le solde d’opinion sur les carnets de commande s’est dégradé brutalement à -30 en février contre -7 en moyenne sur les 6 mois précédents.
Les ménages ont bénéficié d’un regain de pouvoir d’achat au 4e trimestre (+0,6% t/t, par unité de consommation), mais leur consommation a stagné. Il apparait qu’ils ont peu perçu la désinflation récente. L’indice de confiance de l’enquête ménages était à 89 en février contre 88 en novembre et le solde d’opinion sur les prix passés était à 54 en février 2024 contre 56 en novembre 2023, alors même que l’inflation (indice harmonisé) a baissé à 3,1% a/a en février (contre 3,4% en janvier et 4,6% en octobre, derniers chiffres connus avant les enquêtes de novembre et de février).
En parallèle, la situation sur le marché du travail ne connaît pas de détérioration majeure. Le climat de l’emploi s’est dégradé (il était encore à 105 en septembre 2023) mais il reste, à 101 en février 2024, proche de sa moyenne historique, tandis que le taux de chômage n’a enregistré qu’un léger rebond (à 7,5% au T4) par rapport à son point bas de 7,1% au T1 2023.
Achevé de rédiger le 29/02/2023