Avec une croissance nulle au dernier trimestre 2023, la zone euro a échappé de peu à la récession, mais l’activité reste sur un fil. Sur l‘ensemble de l’année 2023, la hausse du PIB réel s’est établie à seulement 0,5% et l’acquis de croissance pour 2024 est nul, du fait d’un second semestre plus faible encore que le premier. Néanmoins, notre Nowcast indique actuellement une croissance de 0,3% t/t au premier trimestre 2024, supérieure au chiffre de nos prévisions de décembre dernier.
L’inflation est repartie à la baisse en janvier, passant de 2,9% à 2,8% en g.a. Les écarts entre les États membres se resserrent, aucun pays n’affichant désormais un taux supérieur à 5%. À défaut de vraiment marquer le pas, la progression en glissement annuel des salaires négociés en zone euro au T4 2023 a ralenti (de 4,7% au T3 à 4,5%), éloignant la crainte d’un accroissement des pressions inflationnistes. Dans ce contexte, nous maintenons notre prévision d’une première baisse des taux directeurs par la BCE en avril. Néanmoins, l’estimation flash de l’inflation en zone euro en février, publiée le 1er mars a surpris à la hausse à 2,6%, ce qui pourrait donner un peu plus de considération à un report de cette première baisse des taux directeurs.
L’indice PMI composite progresse, bien que timidement, depuis le mois d’octobre, demeurant sous la zone d’expansion en février, à 48,9. Après un net redressement, la confiance des ménages s’est stabilisée depuis quelques mois : la hausse de l’indicateur lié à la situation financière est contrebalancée par la dégradation de l’indice de la situation économique. Les perspectives des consommateurs sur l’évolution du marché du travail s’améliorent légèrement en février et restent plutôt bien orientées. Le marché du travail a fait preuve de résistance jusqu’à présent avec un taux de chômage qui s’est maintenu à un plus bas historique au mois de décembre, à 6,5%.
L’enquête de la Commission européenne pour février laisse transparaitre quelques zones d’inquiétude avec, notamment, une nouvelle dégradation des perspectives d’emploi dans le secteur manufacturier et dans la construction. Ce dernier secteur pâtit doublement de la baisse de l’activité résidentielle et commerciale consécutive, notamment, à la hausse des taux d’intérêt. D’ailleurs, le PMI zone euro pour la construction corrobore les données des indices de la Commission européenne, chutant de 2,3 points pour atteindre 41,3 en janvier. Si l’on exclut la période de pandémie, c’est le plus bas niveau observé depuis la fin de la crise des années 2011-2013 dans la zone euro.
Malgré des risques baissiers importants, l’année 2024 devrait connaître une reprise progressive de l’activité en zone euro portée par la baisse de l’inflation et des taux, même si comme souvent, le tableau restera contrasté entre les pays membres.
Achevé de rédiger le 29/02/2023