L’inflation a regagné du terrain aux États-Unis et en zone euro au mois de décembre, passant respectivement de 3,1% à 3,4% et de 2,4% à 2,9% en glissement annuel (g.a.). Les points morts d’inflation (obligations à 10 ans) pour les quatre grandes économies de la zone euro ont toutefois reflué en dessous de celui des États-Unis. Le point mort a aussi baissé au Royaume-Uni, où le contexte inflationniste s’est amélioré, même s’il reste plus dégradé qu’ailleurs.
La remontée de l’inflation en zone euro s’explique par moins de déflation énergétique, liée à des effets de base défavorables. Sur la mesure sous-jacente, l’inflation a reflué à nouveau, tout comme la mesure instantanée (3m/3m annualisé) qui est retombée à 1% en fin d’année 2023, un niveau inférieur à sa moyenne historique enregistrée avant la pandémie (1,4% sur la période 2000-2019). La hausse des prix des biens hors énergie ralentit également significativement (à 2,5% en g.a. et 0,8% en 3m/3m annualisé). Parmi les mesures alternatives scrutées par la BCE, on notera le retour de l’indice PCCI sur les 2% en novembre, un signal désinflationniste fort qui devrait déboucher sur un recul plus important des autres indicateurs annexes (« supercore », médiane, moyenne ajustée).
Aux États-Unis, la désinflation dans les services (hors logement) s’est poursuivie en décembre mais l’évolution mensuelle de l’indice des prix s’est détériorée au cours des derniers mois (la mesure 3m/3m annualisée est remontée à 5,5%). La hausse de la composante logement ne ralentit que faiblement à 6,2% en g.a. en décembre. Selon l’Université du Michigan, les anticipations d’inflation des ménages à horizon de douze mois sont néanmoins retombées au plus bas depuis près de trois ans (3,1% en décembre).
Après avoir dépassé le seuil des 4% en g.a. au début de l’année 2023, tant sur la mesure headline que le sous-jacent, l’inflation au Japon a perdu progressivement en vigueur. Cela est d’abord intervenu par une détente très nette sur les prix de l’énergie (favorisée par la mise en place de mesures de soutien aux ménages par le gouvernement) puis, plus récemment, d’une désinflation sur les biens manufacturés. L’inflation dans les services continue toutefois de se renforcer à 2,3% en novembre en g.a., le niveau le plus élevé depuis 1998.
Au Royaume-Uni, les prix à la consommation ont enregistré deux mois consécutifs de baisse en octobre et en novembre (données corrigées des variations saisonnières). L’inflation est repassée sous la barre des 4% en g.a. pour la première fois en deux ans, mais la hausse dans les services reste importante (6,3% en g.a.), alimentée par la progression significative des salaires de base (+6,3% en g.a. en octobre).
Enfin, la perturbation du transport maritime en mer Rouge engendre, en ce début d’année 2024, de nouvelles tensions sur le fret mondial et certains indices montre un net renchérissement des coûts d’acheminement début janvier (un doublement selon l‘indice Freightos). Sans générer un choc aussi important qu’en 2021, la situation pourrait, si elle se poursuit, alimenter un surcroit d’inflation importée en 2024.
Graphique du mois : des évolutions de prix plus contrastées dans les services
La dynamique des prix dans les services entre les États-Unis, la zone euro et le Royaume Uni a divergé en fin d’année 2023. La mesure instantanée, représentée par le 3m/3m annualisé[1], a marqué le pas significativement en zone euro et franchi à la baisse la ligne symbolique des 2%. Cela laisse présager d’une poursuite du cycle de désinflation dans la région. Notre scénario table désormais sur une stabilisation de l’inflation sous-jacente autour de 2% d’ici la mi-2024. La mesure est encore élevée au Royaume-Uni mais elle chute également, les dernières données portant toutefois sur le mois de novembre. A l’inverse, la tendance se détériore à nouveau aux États-Unis et le chiffre est sensiblement le même pour les services avec ou hors logement (respectivement à 5,5% et 5,8% en décembre). Dans l’optique d’un retour pérenne de l’inflation vers la cible des 2%, la tendance actuelle est moins favorable outre-Atlantique qu’en zone euro, d’autant que les chiffres du marché du travail (emplois non-agricoles, inscriptions au chômage) aux États-Unis ne fléchissent pas.